Venu de loin, où comment comprendre un fléau ?

For homework this week, my teacher asked me to write a review of a play I saw recently. It wasn’t a French play (though it was Canadian), but I didn’t feel like writing about any of the French plays I’d read recently. So I dashed off 1000 words in about two and a half hours, then did some light corrections with my teacher. Here’s the edited version. Nothing special, but a good exercise in writing — something I’ve done less of lately than in the summer and fall.

Est-ce que la comédie musicale sert à comprendre un fléau ?

« Il s’agit du 11 septembre, cette comédie musicale ». Voilà la phrase qu’on entend partout dans les comptes rendus de Venu de Loin, la comédie musicale canadienne créée en 2017 et jouée encore (où bien, encore une fois après une pause covidienne) à Broadway. Les chroniqueurs plus raffinés se nuancent en disant « Mais vraiment, il s’agit du 12 septembre », parce que les auteurs Irène Sankoff et David Hein nous montrent des sentiments et des actions qui se déroulent dans les jours qui suivent cet attentat et à 2 000 km de là. Ces deux observations sont correctes, mais après avoir lu ces constatations plusieurs fois, j’ai commencé à me demander: Pourquoi est-ce que c’est notable ? Pourquoi l’air de surprise autour de ces remarques ?

C’est normal que les sept arts traitent les fléaux. Le quatrième art nous donne des romans comme La nuit de Weisel, À l’Ouest, rien de nouveau de Hemingway, ou La peste de Camus. Le septième art nous rend La vie est belle, de Benigni, le troisième Guernica de Picasso, le premier Mémorial des anciens combattants du Viêt Nam conçu par Maya Lin. Bien sûr qu’on dit « Il s’agit de l’Holocauste. » ou « Il s’agit de la guerre civile espagnole. », mais on le dit sans être étonné. Mais c’est rare qu’une comédie musicale, enfant vulgaire du cinquième et sixième art, aborde un tel sujet.

La comédie musicale américaine a ses origines dans les petits spectacles ménestrels créés dans les années 1820. Elle est restée dans le domaine du burlesque pendant cent ans avant d’évoluer un peu au début du XXe siècle. Mais ce n’est qu’avec la création de Oklahoma en 1943 que cette forme passe d’un ensemble de chansons populaires défilées sans organisation à une histoire intégrale qui utilise les chansons pour faire évoluer l’intrigue. Les œuvres de Stephen Sondheim (mort il y seulement quelques mois) ont encore transformé ce genre en accordant aux comédiens des arias qui ne font pas évoluer l’intrigue, mais qui approfondissent leurs personnages. Ces arias  traitent de sujets sérieux comme la nature de la réalité, le but d’existence, la mort, l’amour, et les remords. Mais Sondheim reste au niveau personnel, évitant les grands événements dans la société (avec l’exception de Les Assassins, qui ne fonctionne guère à mon avis.)

Est-ce que la comédie musicale convient à la tragédie ? Je ne parle pas d’une exploitation comme Les Producteurs (spectacle de Mel Brooks à l’affiche actuellement en adaptation français par Alexis Michalik). Ça, c’est une farce pure qui utilise l’idée d’une comédie à propos d’Adolf Hitler pour illustrer ce qui est carrément destiné à faire un four théâtrale. Non, je parle d’un effort sérieux à utiliser un art léger pour dire quelque chose de sincère et d’honnête à propos d’un fléau. Ce n’est pas du tout évident. Jeudi 24 février, 2022, j’ai assisté à l’enregistrement d’un épisode de Programme tard avec Stephen Colbert à New York. C’était l’après-midi du jour même où les armées russes ont lancé leur invasion de l’Ukraine. M. Colbert a essayé de faire sa chronique humoristique quotidienne, mais le sujet lui a résisté. Il n’a pas pu trouver les mots qui nous feraient rire de cette guerre immédiate en éclaircissant quelques vérités subtiles. Ces blagues sont tombées presque sans réaction, pendant que le public bougeait inconfortablement à sa place. 

Deux jours plus tard, je suis encore allé au théâtre pour voir Venu de Loin. Cette fois-ci, la comédie a bien marché, soutenue par le drame et la musique. Le spectacle ne commence pas avec l’attentat du 11 septembre, mais avec les présentations des habitants ordinaires de Gander, Terre-Neuve, Canada: la femme qui s’occupe des animaux abandonnés; l’enseignante qui accueille ses élèves ce premier matin de la rentrée; l’agent de police qui n’a rien à faire que donner des avertissements au cocitoyen qui ne ralentit pas assez au passage piéton; la jeune journaliste qui commence son boulot à la chaine locale; le chef du syndicat des conducteurs d’autobus, qui font la grève. Chacun nous adresse quelques répliques qui annoncent sa routine matinale ou comment elle l’a basculée. Quelques minutes plus tard, ils entendent parler de l’attentat à la radio, et ils sont alertés que certains avions vont se poser à l’aéroport tout de suite. Encore, on nous présente des personnages, maintenant les occupants des avions: un homme d’affaire anglais; une grand-mère de New York; un couple homosexuel de Los Angeles; un chef de cuisine égyptien; la commandante d’un Boeing 747. En quelques mots, ils nous parlent de leurs occupations, leurs destinations, leurs vies. Et puis, leur déboussolement d’avoir atterri au Canada sans avoir été prévenu.

Par la suite, nous voyons les événements plutôt logistiques que dramatiques. Où héberger 7 000 personnes dans une petite ville de 9 000 âmes ? Comment les munir de vêtements, de nourriture, de médicaments ? De quels téléphones et ordinateurs peuvent-t-ils se servir ? Imbriqués dans ses questions prosaïques sont des petits discours, fugaces, à propos des sentiments profonds: la perte, l’isolation, la peur, la mort, et la haine. Les morceaux musicaux sont des tapisseries de voix, pas en chœur mais en séries. C’est quoi l’émotion d’isolation pour un homme d’affaires, une commandante, une grand-mère, un New Yorkais, un Égyptien ? Est-il universel ou particulier ? Ces sujets sont lourds, mais les paroles sont parsemées de petits gestes, un humour naturel exprimé par les personnages pour apaiser leurs propres anxiétés et pas seulement pour faire rire le public. Nous nous identifions avec chacune de ces voix, nous nous troublons et, pour ceux parmi nous qui avons plus de quinze ans, nous nous rappelons nos émotions de cette journée et cette semaine pénible.

Est-ce que la comédie musicale sert à comprendre un fléau ? Avant d’avoir vu Venu de Loin, je dirai «seulement avec difficulté». Le seul exemple que j’aurais identifié c’est Cabaret, qui se situe à Berlin dans les années trente. Il réussit à un certain point à représenter la particularité de souffrance du fléau à venir, mais il y avait trop de scènes burlesques entremêlées. Avec Venu de Loin, je peux répondre sans hésitation. Ici, nous voyons la démocratisation du deuil, et un petit triomphe de la communauté. C’est ironique, pourtant, que ce n’est pas un triomphe américain, mais canadien. Est-ce qu’une telle vertue serait possible au sein des américains, qui ont lancé une offensive massive dans les années après le 11 septembre ? Dans une scène brève, un New Yorkais noir nous raconte «Mon père m’a téléphoné et m’a demandé si j’allais bien au Canada. Comment pourrais-je lui dire que je n’allais pas bien, j’allais mieux que bien ?»

By the way, if you are intrigued to hear the songs the cast album is very good and available on all the usual streaming services. If you want to see the acting as well (which I recommend) but can’t make it to a local or New York production, they filmed a performance of the show and released it on 11 September 2021 to mark 20 years since the attacks. I haven’t seen the filmed performance, but it it is available on Apple TV.

Un Calendrier de l’Avent du Film

The French Channel, a branded bundle from the streaming service Roku, is featuring one movie each day during the month of December, conceived as an Advent calendar of French film. What the heck, I figured, I can try watching a film each day. Turns out that their editorial tastes and mine do not exactly align, shall we say. I could only bring myself to watch one of the films all the way to the end, and that one I later learned was roundly panned by the critics (in fairness, there’s another film from the week which I expect is quite good, but I skipped for lack of time). Still, an interesting expansion of my awareness of what the French film industry has been churning out for the past 30 years. Moreover, the exercise provided a good opportunity to exercise my vocabulary for negative criticism. Here’s an 800 word review of the collection that I dashed off in a bit over two hours.

Un calendrier de l’Avent du film

Il y a quelques mois, on m’a appris que le service de streaming Roku a lancé une nouvelle proposition: « France Channel ». Pour huit dollars chaque semaine, je pourrais regarder sans limite une sélection de films, séries, et reportages. Je me suis vite abonné, mais ne l’ai pas beaucoup utilisé. Pourtant, pour le mois décembre France Channel a composé un calendrier de l’Avent du film français: un film pour chacun des 25 jours amenant à Noël. L’idée de regarder un film par jour m’a attiré, donc j’ai démarré ce projet cinématographique.

J’ai sauté le film initiale Le Père Noël (2014), parce que j’ai entendu dire que le père Noël est une ordure, ou du moins il l’en était en 1982. Le deuxième film c’est Tout Le Monde Debout (2018), dans lequel Franck Dubosc incarne un gaillard qui prend l’occasion de la mort de sa mère pour séduire une auxiliaire de vie (Alexandra Lamy) en se faisant passer pour un paraplégique. Après avoir souffert pendant vingt minutes les répliques de l’écrivaillon responsable de ce navet, je l’ai abandonné.

Le troisième film sélectionné est Un Homme Pressé (2018) avec Fabrice Luchini. M Luchini joue le rôle d’un PDG d’une grande société qui est frappé par un AVC, face à Leïla Bekhti, qui joue son orthophoniste. À la surface il y a des possibilités, mais les chroniqueurs du Masque et la Plume de France Inter ont jugé le film « pitoyable et médiocre », l’un d’eux disant qu’il est « désolé pour la carrière de Fabrice Luchini ». Heureusement, j’ai regardé l’intégralité du film avant de me renseigner sur les avis des experts, et je l’ai trouvé un bon challenge à comprendre. En conséquence de sa crise, le personnage de Luchini fait beaucoup de lapsus. Il dit « au revoir » pour « bonjour », il dit « épouser » pour « écouter », et il dit « cermi » pour «  merci ». Même le générique de fin continue cette blague, affichant « magie » pour « image » et « mistique » pour « musique », etc. La comédie tient, mais avec Luchini j’aurais espéré quelque chose de plus classique. Peut-être qu’on gagnerait à l’intituler Le parleur de verlan malgré lui.

Le quatrième film est Les Malheurs de Sophie (2016). C’est la troisième adaptation cinématographique d’un roman du même titre du XIXe siècle par Comtesse de Ségur, dont les essais précédents datent de 1946 et 1979. Sophie, incarné par Caroline Grant, est une môme de quatre ou cinq ans qui doit être la fille la plus sou-surveillé du monde. Elle habite dans un grand château et reçoit tous les jours, peu importe qu’elle est méchante, menteuse, et désobéissante. Comme elle est mignonne ! Comme elle est adorable ! Est-ce que j’ai mentionné qu’il y a une écureuil animée ? Apparemment une vraie écureuil aurait été trop chère ou trop effrayante. Où peut-être le syndicat des écureuil empêche ses membres de jouer avec des petites-filles de peur que les gamines ne tirent pas la queue. En tout cas, ce film sans aucune intrigue vaut le nom m’a ennuyé après 30 minutes et je l’ai mis à côté.

J’ai sauté le numéro cinq (La Gloire de mon père (1990), une classique d’après l’oeuvre de Marcel Pagnol) pour ne pas basculer ce défilé d’échecs. Je ne l’ai jamais vu, mais j’imagine qu’il doit être dû qualité. Je n’ai pas non plus regardé le sixième service de ce repas douteux, Le Jumeau (1984). Il s’agit d’un coquin qui se trouve dans un casino avec deux jumelles, une paire des Aphrodites américaines, riches et charmantes. Pour séduire tous les deux, ce gaillard invente un sosie qu’il déploie comme nécessaire pour masquer ses infidélités. Ou bien, c’est ce que je comprends du synopsis. J’ai trop de respect pour mes yeux de les faire l’épreuve de ce film.

Enfin, pour boucler la première semaine des films terribles, on nous propose Mais qui a tué Pamela Rose (2003). C’est un film dans le tradition de OSS 117 : Le Caire, nid d’espions (2006) et ses suites, sauf que le premier film d’OSS 117 a paru trois ans plus tard. De plus, Pamela Rose se situe aux États-Unis et nous montre deux agents du FBI, un pitre qui se sent « cool » et un vieux professeur de l’Académie du police nationale qui n’a jamais travaillé sur le terrain. J’ai regardé les vingt premières minutes du film, puis capituler au conclusion inéluctable: les éditeurs de ce calendrier d’Avent du film pour French Channel ne mérite qu’un morceau de charbon dans leurs chaussettes de Noël. Quant à moi, je dois annuler mon projet de regarder tout ces films pour que je ne crève pas mes yeux.

Things I Learned

Camus, Covid et l’Avenir

I’m only about a quarter of the way through reading La Peste by Albert Camus, but I like it very much so far. It’s quite different in style from Les Justes and also from what I remember of L’Étranger (which I last read some 35 years ago). So far it’s got a straightforward narrative style, chronicling the imagined events that follow the return of bubonic plague to Oran (Algeria’s second largest city) in the 1940s. Bubonic plague still exists in the world today, but it is easily treatable with antibiotics if identified early enough. However antibiotics like penicillin were not in widespread civilian used until the mid- to late-1940s, and so far they don’t factor into the story.

La Peste reminds me a bit of Michael Crichton’s Andromeda Strain, though of course Camus got there a couple decades earlier. But where Crichton went for medical techno-babble (which even by the 1980s hadn’t aged very well), Camus focuses on the human reaction to the slow-motion realization that the Black Death has returned. These age very well, I’m afraid, and resonate quite all to accurately with modern human reactions to Covid. I’m also told (though I hadn’t noticed it on my own yet) certain parallels with other calamities that struck the world in the 1940s.

I wrote up some musings on Camus and Covid (700 words) for this week’s French lesson. Here’s the text after some light revisions with my teacher.

Camus, covid, et l’avenir

Je viens de recevoir un email qui annonce les dates du festival d’Avignon 2022, qui a lieu d’habitude les trois dernières semaines de juillet. Je dis «d’habitude», mais en fait les dates précises sont plus aléatoires que prévisibles. Cette année on commence le 7 juillet, mais pendant les derniers dix dernières années le jour J variait du 4 juillet au 7 juillet sans modèle. Quelquefois on commence le jeudi, autres fois le dimanche,  le lundi ou le mercredi. Et la date de fin est aussi arbitraire que la date du commencement. Et le festival 2020 a été totalement annulé à cause de la crise sanitaire de Covid-19. J’aurais bien voulu réserver un logement pour le festival il y a trois mois (car les hébergements au centre ville et bon marché sont rares), mais sans savoir les dates c’est trop aléatoire. Maintenant, avec l’arrivée d’omicron, le nouveau variant du virus, c’est encore possible que l’agenda du festival 2022 soit bouleversé. J’oublie quel petit malin a dit «La prévision c’est difficile – surtout quand il s’agit de l’avenir».

Ah, l’avenir, l’avenir. Pour moi, c’est incontournable – au moins, je souhaite accueillir l’avenir dans quelques années, sinon soit lui soit moi serons morts. J’ai passé ma jeunesse à jouer aux échecs, une entreprise ou on reste presque immobile pendant plusieurs heures en ne contemplant que l’avenir, où chaque coup est évalué en fonction des contre-coups possibles. Un peu extrême pour un gamin, j’admets, mais la fascination pourc l’avenir est un trait inné chez tous les humains. Le psychologue Daniel Gilbert écrit dans son livre Et si le bonheur vous tombait dessus : «Ce qui différencie l’homme de tous les autres animaux, c’est qu’il pense à l’avenir.»  Pourtant, il y a souvent un manque d’imagination parmi ces penseurs de l’avenir. Mon beau-père, bien muni en  adages qu’il estime sages, dit souvent «L’avenir n’est pas simplement une extension  du passé». Bien que cela me peine de l’admettre, j’ai peur qu’il ait raison.

La tendance à fouiller le passé pour prévoir est évidente sur la page Wikipédia qui concerne La peste, roman d’Albert Camus qui est paru en 1947. Après les parties typiques pour un tel article (historique du roman, résumé, personnages), on découvre une toute petit note au-dessous du titre Augmentation des ventes en 2020:  «En 2020, avec la pandémie de covid-19, le livre connaît un regain d’intérêt, notamment en France et en Italie, en raison de la ressemblance entre ce que le livre raconte et ce que vivent des populations dans de nombreux endroits du monde». Sans doute, l’auteur anonyme de cette page (un Bourbaki moderne) a totalement raison, car il peu probable que j’aurais commencé à lire ce premier chef-d’œuvre de Camus si la pandémie ne s’était jamais passée.

J’ai pris connaissance de La peste pour la première fois cette année après avoir entendu un entretien à la radio avec Marylin Maeso, qui a écrit un livre La fabrique de l’inhumain. Elle revisite La peste et le prend comme un point de départ pour parler des phénomènes sidérants et variés: la guerre, la torture, le terrorisme, etc. Elle constate nos incapacités à les confronter avec l’humanité, et cite les observations de Camus sur le désaccord entre l’échelle humaine et la taille des fléaux:

« Les fléaux, en effet, sont une chose commune, mais on croit difficilement aux fléaux lorsqu’ils vous tombent sur la tête… pestes et guerres trouvent les gens toujours aussi dépourvus. Quand une guerre éclate, les gens disent : «Ça ne durera pas, c’est trop bête. » … Nos concitoyens [étaient] humanistes : ils ne croyaient pas aux fléaux. Le fléau n’est pas à la mesure de l’homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c’est un mauvais rêve qui va passer… Ils continuaient de faire des affaires, ils préparaient des voyages… Comment auraient-ils pensé à la peste qui supprime l’avenir … ? »

Albert Camus, La peste

Je trouve ces phrases de Camus, écrites il y a soixante-dix ans, vraiment effrayantes. L’annonce d’Avignon arrive et je me hâte de réserver les billets d’avion, en imaginant que l’achat lui-même pourrait éloigner de la France cette peste contemporaine. Ça ne durera pas, ça fait déjà dix-huit mois. Y en a marre de l’incertitude, je déclare que c’est le Covid qui est annulé pour 2022 et pas le Festival d’Avignon. 

«Ce qui différencie l’homme de tous les autres animaux, c’est qu’il pense à l’avenir.» Pas seulement penser à l’avenir, mais défendre l’avenir, insister sur l’existence de l’avenir. Avec mon cerveau de joueur d’échecs, je vois clairement la possibilité de la résurgence de la crise sanitaire. Et je vais attendre quelques mois avant d’acheter les billets pour Avignon. Mais en même temps, je vais identifier les spectacles auxquels j’irai, je vais faire des recherches chaque semaine pour des logements disponibles au centre ville, et je vais informer mon patron de mes dates de vacances en juillet. Je ne suis pas prêt pour que le Covid supprime l’avenir. 

I imagine I’ll have more to say once I’ve finished the book. Meanwhile, I spent several hours yesterday planning my trip to Avignon in July. One can hope …

Things I Learned

  • For the beginning and end of a multi-day event, use la date de commencement and la date de fin. The phrases date initiale and date terminale aren’t strictly wrong, but are clunky.
  • Speculatif is used for financial dealings or for way-out-there scientific research. For an action taken with a lot of guesswork, the outcome is better described as aléatoire.
  • Un variant, une variante have subtly different meanings and domains of use. The masculine form is reserved for the context of biology and genetics. The feminine form is for music, art, language, and chess openings. Roughly speaking, une variante corresponds to the English “variation” (“theme and variation”, “Queen’s Indian defense, Nimzowitsch variation”), while un variant corresponds to the English “variant” (“omicron variant”).
  • Malin can be used as an adjective or a noun. It has a range of meanings along a spectrum from pretty negative (“evil”, “wicked”, or “demonic”) to moderately positive (“smart”, “astute”, “clever”). Ideas like “sly” and “crafty” are in between these two poles. However the phrase « petit malin » is more along the lines of “smart alec”, “wise guy”, or “slick character”.
  • On passe son temps à faire quelques chose. I would have thought it was en faisant qqch, but that’s not grammatical.
  • Fascinating: the proper locutions are être fasciné par or avoir la fascination pour. Choosing the right preposition in French is one of my enduring challenges.
  • Inné means “innate” or “inborn”, and here again choosing the preposition trips me up. In English, a characteristic or ability is innate to a person. But in French, there are multiple possible prepositions following inné. The most common is inné chez qqn, but you can also use inné en qqn, inné dans qqn, or inné à qqn. I haven’t been able to discern if there are rules of when to use which preposition, or if it is purely a stylistic choice.

Fin de partie: On divorce de Dieu

I expect that the most familiar example of theater of the absurd, at least for U.S. readers, is Samuel Beckett’s Waiting for Godot. We read it in English class in high school, and even took a field trip to see it performed on stage. We also read it in French class in high school. When I was at college, I frequently used a computer system that offered you short text each time you logged out. The texts were randomly drawn from a collection maintained by the administrators. The most memorable one I ever saw was about the local public transit system: “One has the feeling that if Godot himself walked on stage in the middle of the second act and said ‘Sorry I’m late, I came by T.’, the audience would entirely understand.” Separately, I recently read a description of Godot as “The play where nothing happens. Twice.”

This week’s play is perhaps Beckett’s second most well-known work, Fin de partie (“Endgame”). It appeared in 1957 and has been regularly performed in French and in English ever since. You can find a full-length recording of a recent staging of the play in Toulouse. In 2018 an opera company in Milan commissioned a musical setting of the text which can be seen in all its glory on YouTube.

https://youtu.be/ALFiOCXQUek

There are four characters in the play: the blind and wheelchair bound Hamm; his hobbled servant Clov; his father Nagg (who lives in a trashcan); and his mother, Nell. The names are apparently symbolic for “hammer” and “nail” (in various languages, e.g. clou in French, nagel in German), but I didn’t see much of that in the play. There’s also apparently a fair amount of chess symbolism in the play, but I didn’t get that either. Likewise, I have no idea what to make of the two characters in the trash cans. What I did get was the heavy dose of existentialism. I didn’t understand the first thing about this philosophy when they tried to teach us about it in high school, but I understand it (or at least the Wikipedia presentation of it and some scattered follow up reading) a good deal better now. I wonder if I was an outlier, or if existentialism made no sense to any of us adolescents then.

As with past plays in this series, I tried writing something sensible about Fin de partie in French and then reviewed it with my teacher. This one turned out to be way more evidentiary than my previous analyses – all the page numbers are from Les Éditions de Minuit version, copyright 1957. Not the most exciting essay, but not terrible either. And even if the argument is weak, the practice at writing French was useful as always. This runs 1200 words, but many of them are just quoting Beckett directly, so my actual writing is less. Here’s the finished draft, post correction:

Fin de partie: On divorce de Dieu

On dit souvent «La guerre, c’est l’enfer». Mais qu’est-ce qui arrive après la guerre ? Le paradis, certainement pas. La fin de la deuxième guerre mondiale, et à vrai dire les quarante années précédentes, ont donné naissance à deux mouvements liés: l’existentialisme et l’absurde.

L’idée centrale de l’existentialisme et que le sens à la vie ne vient pas d’une source extérieure, mais d’une source intérieure. Les adeptes de l’existentialisme disent que «l’existence précède l’essence». Nous n’avons pas été créés ou destinés à faire quelque chose. Nous existons, et donc c’est à nous de créer un but, un destin, un sort, chacun pour lui-même. Les religions, les grands concepts abstraits comme les classes de Karl Marx, la liberté de Thomas Jefferson ou le nationalisme de Georg Hegel doivent tous être rejetés. Dans son livre L’existentialisme est un humanisme (1946), Sartre a écrit «L’existentialisme n’est pas autre chose qu’un effort pour tirer toutes les conséquences d’une position athée cohérente.» Les autres philosophes trouvaient la cohabitation de Dieu et de l’existentialisme envisageable, mais pas Sartre.

Quant à l’absurde, c’était une réaction contre les idées classiques et réalistes de l’art et de la littérature, ou peut-être une réinterprétation de ces idées. On peut dire qu’une œuvre d’art est un reflet de la vie elle-même, captée par un artiste. Mais pour les auteurs absurdes, la vie ne suit pas des chemins bien illuminés. Elle n’a aucun sens prédestiné. Les choses se passent aléatoirement, sans raison, sans justice, sans structure et sans prédictibilité. Donc présenter une image ou une histoire bien rangée, c’est mentir. Le théâtre de l’absurde a embrassé cette idée avec des pièces qui manquent d’une intrigue cohérente , dont les répliques sont souvent répétitives, et qui n’ont pas d’ancrage spatio-temporel.

Mais les pièces absurdes ne sont pas sans importance. L’écrivain a instillé des idées et une signification. Cependant, c’est à nous les spectateurs de construire le sens, à la manière des existentialistes. Si on arrive au même terminus que l’auteur, c’était un bon exercice pour donner forme au chaos. Si on arrive à sa propre destination, tant mieux. Forcer le public à penser par soi-même, c’est déjà une réussite pour les auteurs absurdes.

Donc, c’est à moi de repérer l’essence de Fin de partie, une pièce absurde de Samuel Beckett créé en 1957. Selon moi, c’est une pièce existentialiste dans la tradition de Sartre, dans laquelle on observe le divorce de l’homme et de Dieu. L’Homme est représenté par le personnage de Clov, pendant que le personnage de Hamm est l’incarnation de Dieu. Hamm donne des ordres toutes les deux minutes, Clov les suit sans comprendre pourquoi. Clov annonce qu’il voudrait tuer Hamm, et puis qu’il va le quitter. Finalement, Clov regarde quelqu’un à l’extérieur et il part sans même couvrir Hamm avec le drap. 

L’apothéose de Hamm, c’est une thèse audacieuse, mais l’évidence est partout. Pour commencer, où sont les personnages dans cette pièce? La scène est sans lieu spécifique, mais il y a deux fenêtres qui donnent vue sur la terre et la mer (pp 43-45). Ça nous rappelle les vers initiaux de la Bible «Puis Dieu dit : Que les eaux d’au-dessous du ciel se rassemblent en un seul endroit pour que la terre ferme paraisse. Et ce fut ainsi. Dieu appela « terre » la terre ferme, et « mer » l’amas des eaux.» Nagg, le père de Hamm, raconte l’histoire du tailleur anglais qui compare la confection de pantalons à la création du monde (p. 34). Hamm insiste pour être placé bien au centre de la salle (p. 40), comme Dieu était au centre de la civilisation pendant des millénaires. Hamm raconte l’histoire de l’origine de Clov, qui se termine avec les mots : «Sans moi, pas de père. Sans Hamm (geste circulaire), pas de home» (p. 54). On constate qu’avec l’insertion d’une seule lettre, la phrase devient «Sans Hamm, pas de homme.»

Certes, d’autres arguments s’opposent à l’identification de Hamm à Dieu. Nagg est le père de Hamm, n’est-ce pas? C’est vrai, mais Chronos est le père de Zeus et Bor est le père d’Odin, ce qui ne les empêche pas d’être des dieux. Qu’en est-il de l’épisode où Hamm siffle pour Clov puis ordonne «Prions Dieu.» (p. 73) ? Ils commencent, avec Nagg, mais que se passe-t-il ? «Bernique!» et «Macache !» (p. 74). Hamm annonce «Il n’existe pas !», mais il est aussi possible qu’il n’y ait pas de réponse parce que Dieu était l’abonné absent, étant celui qui a passé le coup de fil. 

Enfin, on peut objecter que Dieu est puissant, même omnipotent, tandis que Hamm est vieux et chétif. Comment expliquer cela? Toutes les choses s’épuisent, même les dieux. Il y a plusieurs indices que nous sommes à la fin d’une ère dans cette pièce. Les personnages parlent souvent du passé avec nostalgie: «Hamm: Autrefois tu m’aimais. Clov: Autrefois!» (p. 18); «Nagg: J’ai perdu ma dent. […] Je l’avais hier. Nell (élégiaque): Ah hier!» (p. 28) «Nagg: Hier tu m’as gratté là. Nell (élégiaque): Ah hier!» (p.32); «Clov: Nous aussi on était jolis – autrefois. Il est rare qu’on ne soit pas joli – autrefois.» (p. 59); «Hamm: J’ai un fou qui croyait que la fin du monde était arrivée […] Clov: Un fou ? Quand cela ? Hamm: Oh, c’est loin, loin […] Clov: La belle époque.» (p. 61). Jadis Dieu était puissant, mais maintenant il est aveugle et cul-de-jatte.

Il n’y a pas que Dieu qui s’épuise. il y a un manque de presque tout: «Il n’y a plus de roues de bicyclette (p.20), «Il n’y a plus de nature» (p. 23), «Il n’y a plus de dragée» (p. 74), «Il n’y a plus de marée» (p. 81), «Il n’y a plus de navigateurs» (p.86), «Il n’y plus de calmant» (p. 92), «Il n’y a plus de cercueils» (p. 100). Il y a un manque de contraste aussi. Le ciel n’est ni blanc ni noir mais gris, ou comme Clov dit: «Gris ! GRRIS! Noir clair. Dans tout l’univers» (p. 46). Si Clov connaissait les théories de Lord Kelvin il dirait «La mort thermique de l’univers», le terminus asymptotique pour un univers qui dure suffisamment longtemps. Même le titre de la pièce annonce la fin de quelque chose. 

Pourtant, à chaque fin il y a un nouveau départ. Dès le début de la pièce Clov désire un redémarrage: «Si je pouvais le [Hamm] tuer je mourrais content» (p. 41); «Je te quitte» (p. 54). «Je te quitte» (p. 77). Mais il ne le quitte pas. Pourquoi? Jadis il essayait de trouver l’essence de la vie en obéissant à Hamm. Au moment où nous le rencontrons, il a abandonné cette idée comme une mauvaise blague: «Hamm: Clov! […] On n’est pas en train de … de… signifier quelque chose? Clov: Signifier ? Nous, signifier ! (Rire bref.) Ah elle est bonne !» (p. 47). Néanmoins, il n’est pas encore prêt à quitter Hamm parce qu’il n’a pas de source alternative de signification. C’est seulement l’arrivée de quelqu’un – à l’extérieur, à peine visible – qui motive Clov à partir.

La nature de cette arrivée est obscure. Clov dit qu’il s’agit d’un môme, mais Hamm doute de l’existence du visiteur. Cependant, réelle ou non, les jours où Clov sert Hamm sont terminés, et Hamm le sait. «Clov: Tu ne me crois pas ? Tu crois que j’invente ? Hamm: C’est fini, Clov, nous avons fini. Je n’ai plus besoin de toi.» (p. 103) Quant à moi, j’estime que c’est Clov qui n’a plus besoin de Hamm. Il a créé son propre sens de la vie, comme un bon existentialiste. Quelle absurdité.

Things I Learned

  • Come follow, follow, follow, follow, follow, follow me: there are many ways to express that someone is a follower of a school of thought. Un adhérent refers to someone who is a dues-paying member of a political party. Those who agree with the positions of a party but don’t pay for membership are sympathisants. For something less political, like a religion or a theory, one can use words like partisan, adepte, or défenseur. For a sports team, the word is supporteur.
  • Mirror, mirror on the wall: the phenomenon of light bouncing off a shiny surface is distinct from the light or image produced by that phenomenon. The act of bouncing is la réflexion. The resulting image is un reflet. La réflexion is also the act of thoughtful introspection. When art imitates life, the work of art is un reflet.
  • Captive audience: the word captiver means enthrall, fascinate or enrapture. The word capter means to catch, emprison, or absorb. Artists hope the theater audience is captivé by their work, but concession stand prices are set knowing the audience is capté.
  • Distilled spirits: the word instiller literally means to introduce a substance bit by bit into a cavity or absorptive material. Think the condensing drops in an alcohol distillery. More metaphorically, it is used to mean to make someone gradually believe or adopt a set of values or culture. By contrast the word instaurer is the more formal establishment of a policy or set of rules. It is imposed rather than taught.
  • What do you call a work that carries the essence of existentialism? Existentialiste. What do you call a work that carries the essence of absurdism? Absurde. Apparently there’s no need for consistency when one is being absurd.
  • “The audience applauds” or “the audience applaud”? Not sure there’s one right answer to that in English, but apparently in French le public is singular.
  • Creationism: there are different nouns in French to describe the creation of different kinds of things. One speaks of la construction of a building, but la confection of a garment. Although according to CNRTL, you only use confection if the clothing is mass-produced, not if it is a bespoke garment. I don’t know what word you use in that case. The more generic word fabrication may be used for building and clothing alike.
  • Working for peanuts: Becket uses two offbeat words for meager results: bernique and macache. The dictionary says bernique is both archaic and familiar, an expression of frustration, disappointment, and rejection. It’s literally a kind of scallop shell. Macache is also old and slang. It means “not at all” or “nothing at all”. There are a lot of words like this in English: zilch, bupkis, nada, peanuts, squat, diddley, beans …

Pourquoi écrire une pièce philosophique? Les Justes, par Albert Camus

Next up on the reading list of Harvard’s 20th Century French Theater and Performance course is Les Justes, by Albert Camus. Premiering in 1949, Les Justes is an examination of whether and when the ends can justify the means. The context of the play is the 1908 assassination of Russia’s Grand Duke Sergei Alexandrovich, uncle to the Tsar, an actual historic event carried out by a small group of Socialists plotting a revolution. The play itself concerns imagined discussions among the conspirators about the morality of their action, whether it matters, and if collateral damage changes the equation. It is a classical realist work with a clear five act structure, five major and four minor characters, and a mix of répliques (short lines) and tirades (extended speeches).

Camus wrote Les Justes in part as a response to arguments with Jean-Paul Sartre about the acceptability of political violence. Sartre was on the side of allowing a certain amount of individual or even random violence in order to overturn capitalism and colonialism, which he saw as long-term inflictors of systemic violence on populations. Camus was on the other side, drawing sharp limits on what was morally conscionable (as well as what was long-term effective) regardless of circumstance. This debate is very nicely described in a 2005 article by Ronald Aronson, Sartre contre Camus : le conflit jamais résolu. Eight years later, in 1957, Camus published a pair of essays Réflexions sur la guillotine and Réflexions sur la peine capitale in which he also objected to state sponsored execution. This topic remains hotly debated in France today, even though the death penalty was outlawed in 1981. Recent acts of terrorism on French soil (for example, the 13 November 2015 attacks at the Bataclan theater and elsewhere, the trial for which began last month) have raised the question of whether those guilty of atrocities deserve to die. So the work remains timely even though it is a 70-year-old work about a 110-year-old plot.

I wrote out some thoughts about the play, which unexpectedly grew to nearly 1,200 words. I lightly revised it during an editing session with my teacher.

Pourquoi écrire une pièce philosophique?
Les Justes, par Albert Camus

J’étais lycéen quand j’ai appris l’existence d’Albert Camus – et le mot «existence» est bien choisi, car au lycée le nom de cet écrivain était synonyme de la philosophie de l’existentialisme. Mes camarades de classe non francophones ont dû lire L’Étranger en traduction pour leurs classes d’anglais, pendant que nous francophones le lisions en version originale pour nos cours français. Le vocabulaire est simple et le titre connu, donc les profs l’ont choisi, même si l’existentialisme était peu accessible à la plupart des adolescents. Peu importe – c’est un roman philosophique, et donc bien convenable pour le lycée.

L’Étranger est un roman philosophique, et Les Justes est une pièce philosophique. Pourquoi écrire une œuvre littéraire philosophique? Pourquoi ne pas écrire un traité comme Locke ou Kant? Ou un essai comme Montesquieu? L’enseignant norvégien Jostein Gaarder a écrit Le Monde de Sophie, un roman sur l’histoire de la philosophie (très bon, d’ailleurs), mais c’est autre chose: un texte pour lycéens sous forme de roman plutôt qu’un roman philosophique. Alors, pourquoi? À l’université, j’ai suivi un cours de philosophie avec Michael Sandel. Il nous a conseillé (presque à chaque cours) d’examiner chaque théorie philosophique par rapport à la situation. Êtes-vous d’accord avec cette proposition-ci? Appliquez-la dans cette situation-là. Vous n’aimez pas les conséquences qui suivent? Comment adapter la théorie? Et maintenant, appliquez la théorie modifiée à la prochaine situation posée.

Sandel nommait ce mode d’analyse «la dialectique»: passer de la théorie à la pratique et retourner en boucle. Il nous a mis en garde de ne pas espérer trouver une philosophie parfaite, qui s’accorde avec toutes nos intuitions. Pour lui, engager cette dissonance entre l’idéal et le réel est lui-même un bien incontournable. Si nous sommes des êtres qui pensent, nous changerons nos idées quand nos théories se heurteront à nos réalités. Nous changerons nos actions. Et c’est justement ça, la raison pour écrire une pièce philosophique. Camus ne nous montre pas seulement des gens qui affinent leurs idées au cours d’un débat, à la manière de Platon dans ses Dialogues Socratiques, mais des gens qui affinent leurs comportements au cours de la vie vécue. Il y a des dissonances, il y des imperfections, et des incohérences. Mais il n’y a pas un manque de conclusions. Comme Sandel disait: «N’imaginez pas que vous n’avez pas de réponse aux questions philosophiques difficiles: par vos actions et vos inactions, vous vivez des réponses à de telles questions tous les jours.»

Alors, examinons les personnages de la pièce. S’ils n’évoluent pas, ça ne vaut pas la peine d’écrire une pièce et plutôt qu’un traité. Bien sûr, ce n’est pas nécessaire que tous les personnages changent de cheval au milieu du gué. Certains personnages ne sont que les incarnations de théories, presque des figurants. Les gens que Kaliayev rencontre en taule sont plutôt des caricatures que des personnages. Foka? Il représente le fatalisme, un cul-terreux qui a tué les gens quand il était ivre et qui continue à tuer les gens comme bourreau pour réduire sa peine. Skouratov? Il parle la langue des Athéniens dans la dialogue de Thucydide: «les forts exercent leur pouvoir et les faibles doivent leur céder». La Grande-Duchesse est un portrait de la religiosité, et le Gardien un croquis de celui qui baisse les yeux et évite d’attirer la moindre attention. Leurs vies intérieures ne nous concernent pas. 

Qu’en est-t-il des conspirateurs ? Ils ont beaucoup plus de répliques que les personnages ci-dessus, mais la plupart des conspirateurs restent inertes aussi. Boris est un guerrier noble et humain: il préfère attendre deux mois pour avoir la bonne opportunité de tuer la cible, seule et nette, que d’agir comme prévu et de risquer des victimes innocentes. Il décide que le meurtre des enfants n’est pas permis, et inutile de plus. Par contre, Stepan est rempli de haine et d’amertume au début, au milieu, et à la fin. Ni la présence des neveux du Grand-Duc, ni la mort de celui-ci occasionne une reconsidération de son désir pour la violence illimitée. La noblesse ne le concerne pas: «L’honneur est un luxe réservé à ceux qui ont des calèches», dit-il. Tous les deux gardent leurs attitudes originales au cours de la pièce, sans difficulté et apparemment sans réfléchir.

Donc, il nous reste Voinov, Kaliayev (dit Yanek), et Doulebov (dit Dora). Voinov adopte facilement le discours de l’Organisation, mais il flanche quand l’opportunité d’agir se présente. On imagine qu’il n’est pas un peureux, mais qu’il ne croit pas vraiment que la politique vaille de tuer ou de mourir. Pour sa famille ? Pour sa propre vie ? Qui sait ? Mais pas pour la politique.

Yanek est peut-être le personnage principal. Au premier acte il annonce sa fidélité à l’Organisation, et il affirme qu’il tuerait le Grand-Duc même s’il reconnaissait l’humanité de celui-ci. Au deuxième acte il découvre ses limites quand il refuse de tuer les neveux innocents, et au troisième acte il se montre résolu en lançant la bombe et en tuant le Grand-Duc. Yanek a survécu à sa crise philosophique, et garde sa solidarité avec ses camarades au quatrième acte en refusant les propositions de Skouratov en prison. Mais est-ce qu’il a réexaminé ses principes, ou en a-t-il seulement fait l’épreuve ? Pour moi, Yanek est un exemple et une dramatisation de tenir à l’idée que tout n’est pas permis, mais pas vraiment un exemple de dialogue entre la théorie et la pratique.

Enfin, il y a Dora. Au premier acte, Dora avertit Yanek de ne pas faiblir au dernier moment en face du Grand-Duc, mais j’estime qu’elle parle vraiment d’elle-même: elle aurait peur de renoncer à l’attentat si elle voyait le visage de sa victime. Au deuxième acte, elle dit qu’elle ne pense pas non plus que le meurtre des enfants innocents soit justifié. Mais la mort de son amant Yanek la fait changer d’avis. Elle tombe d’accord avec Stepan, à travers une perte personnelle. Au début de la pièce, elle doute que venger les offenses abstraites par un crime contre un individu soit juste. À la fin, elle se hâte de prendre sa revanche contre le monde pour lui avoir volé son amoureux, peu importe l’Organisation ou la justice. Elle est vraiment transformée par l’expérience et la réflexion.

Est-ce que ces deux illustrations, la fermeté de Yanek et la désolation de Dora, méritent une pièce entière? J’estime que non. Mais je pense que Camus a raison d’extraire la philosophie du royaume intellectuel. La philosophie est comme un plan, ce qu’on imagine qu’on ferait dans telle ou telle situation. Mais rappelons-nous les mots du boxeur américain Mike Tyson : «Tout le monde a un plan jusqu’à ce qu’on lui frappe la bouche.» Les Justes nous montre la philosophie de Dora, bouche sanglante.

 Les Justes, mise en scène par Abd Al Malik, pour le théâtre du Châtelet, Paris,  2019 / 2020

Not a bad essay, and better than my previous one on L’Amante anglaise, but still a bit light as literary criticism goes. Still, a good canvas on which to learn French. Here’s some things I learned from it.

Things I Learned

Once again I’m omitting boring errors in preposition choice, adjective agreement, or omission of reflexive pronoun. I’m getting better at these, and that may be the biggest benefit by volume of writing each week. But they don’t make for interesting reading so I’ll spare you. Here’s more interesting things I learned.

  • Keeping a consistent register. This essay started out in a high register with words like émender and précautioner, but that was not my intent. I have written a few high-register things lately and wanted to make this piece more familiar. I have a ways to go still. I also over-corrected, using near-slang expressions like ça ne vaut pas la peine, en taule, cul-terreux, and froussard. I still struggle to recognize when a word or expression that comes to mind is in vieux / soutenu or a familier / argot register, and it would be time-consuming to look up each and every one. I suspect the only solution is listen and read more, plus get more feedback on my writing.
  • Qu’en est-il de is a super-useful expression I some hadn’t come upon until this month. It means “What about … ?”, and asks for an opinion or information about the disposition of something. It’s useful both for requesting information or as a rhetorical way to introduce a next subject or part of a problem to be addressed.
  • Froussard, trouillard, poltron, … there are a surprising number of words to indicate somebody who is afraid or who scares easily. They differ in connotation as well as register of language. Peureux is a standard word for someone who is generally fearful or timid. Pleutre and couard are both littéraire. Lâche is more insulting. Froussard, trouillard, and poltron are familier.
  • Changing hearts and minds: in English, one can present an argument to change somebody’s mind. In French, I can change my own mind (J’ai changé mon avis), but it’s not typical to use changer d’avis as a thing that A does to B. (J’ai changé son avis). Correct is to use the construction faire changer: Je l’ai fait changer d’avis.
  • Best served cold …: the word dédommager is best translated as “compensate” or “indemnify”. The reflexive se (faire) dédommager is about seeking damages or settling claims. If you want to get revenge or justice at a moral level, you should use the express venger or prendre revanche.

I didn’t love this play, but it did make me more interested in Camus. I ordered a copy of his novel La Peste from the local bookstore, which seems particularly apropos given our pandemic. I knew about it vaguely, but heard about it recently in a radio interview with Marylin Maeso who was discussion her recent book La fabrique de l’inhumain, which very explicitly makes the case that the Covid-19 epidemic parallels the story of that novel. I’ll let y’all know what I think of La Peste when I read it.

L’Amante Anglaise de Marguerite Duras

Last month I read the play L’Amante anglaise, by Marguerite Duras, which is the second item in the reading list of Harvard’s 20th Century French Theater and Performance course. Duras, who is perhaps best known in America as the author of Hiroshima Mon Amour, which was adapted into a 1959 film. L’Amante anglaise delves into the psyches and motivations of an unremarkable fifty-year-old woman, Claire Lannes, who murdered her cousin (a deaf and mute resident of Claire’s household) for no apparent reason. She then dismembered the body and spent several nights dropping the parts from a bridge onto trains passing below. The police found the pieces and traced them back to the one point that the disparate train lines had in common, that one bridge. From there they located Claire without difficulty.

But it is with difficulty that the audience tries to make sense of Claire’s character and inner life. The play has two acts and three characters. In the opening act, Claire’s husband Pierre is interviewed by a nameless interrogator who advises Pierre that he is not under suspicion, is not obliged to answer questions, and is free to go. But the Interrogator is deeply interested in understanding Claire, the crime, and Pierre’s marriage. The entire act is one long dialogue between the Interrogator and Pierre. Act two is more of the same, except now the Interrogator is interviewing Claire, who has already been tried and convicted, who is awaiting sentence, and who still has some undivulged secrets (e.g. what did she do with the head of her victim, which was never recovered? Why did she murder her cousin?). The Interrogator becomes more of a character in his own right in the second act as his frustrations in the face of Claire’s airy lack of self-knowledge reveal oddities in the Interrogator’s personality.

The play is based on a real crime that took place in 1949 in France, a murder and disposal-by-train by Amélie Rabilioux. Duras found this event a rich source of inspiration, as she wrote a first play about it 1960 (Les Viaducs de la Seine-et-Oise), and then a novel L’Amante anglaise in 1967, and then a play version of the novel in 1968. The text I read was from a revised script of the play which became standard in 1976. The play is well known and often performed. France Culture produced and broadcast a full-length studio reading of L’Amante anglaise 1967. There is also a 2021 filmed reading of it that breaks up the scenes and interleaves Pierre’s interview with Claire’s interview.

As a writing exercise I prepared a 750 word commentary about the play and lightly revised it with my teacher. Here’s the final text, as well as things I learned in the process.

Depuis l’Antiquité les philosophes se demandent si les être humains ne sont que sang et chair, peau et os. Au XVIIe siècle on a introduit le nom matérialisme pour la position affirmative, tandis que dualisme décrit le contraire: nous avons quelque chose (une âme, peut-être) qui nous rend plus qu’un amas de particules chimiques et leurs réactions. Cet élément spirituel est le siège de la volonté, le conducteur qui dirige nos actions. Sinon, comment comprendre le comportement humain? Pourquoi a-t-on porté cette chemise, choisi ce métier, pris des vacances à la plage et pas dans les montagnes, dîné dans ce restaurant et pas dans le suivant ? C’est angoissant d’imaginer que la réponse de toutes ces questions soit «c’est le résultat des interactions déterminées parmi les molécules de nos cerveaux». Nous avons grand soif d’explications.

Dans sa pièce du théâtre L’Amante anglaise, Marguerite Duras nous invite à contempler les motivations de plusieurs personnages, et en même temps à considérer: Sommes-nous libres de choisir notre chemin? D’où vient la volonté ?

Malgré qu’elle ne soit pas présentée jusqu’au deuxième acte, Claire Lannes est le centre d’attention dès la première page. Pourquoi a-t-elle tué sa cousine? Pourquoi ne veut-elle pas dévoiler le lieu où elle a caché la tête? Pourquoi s’obstine-t-elle à dire qu’elle ne connaît pas elle-même les bonnes réponses? Pourquoi imagine-t-elle que la bonne question serait la clé pour débloquer un discours révélateur? Le public est guidé vers elle comme cible de l’enquête.

Bien sûr, il y a un deuxième personnage dont les motivations méritent investigation : Pierre Lannes, le mari de Claire. Il a accepté sans difficulté l’affirmation de sa femme que Marie-Thérèse Bousquet était partie pour quelques jours pour rendre visite à sa famille. Il avoue qu’il se doutait de la vérité de cette déclaration, mais il ne l’a pas relevé. Est-ce qu’il soupçonnait son crime horrible et a préféré différer le moment d’ affronter cette horreur? Plus profondément, pourquoi s’est-il marié avec Claire? Pourquoi est-il resté avec elle pendant une vingtaine d’années? Est-qu’il ment quand il répond à l’interrogateur qu’il n’aurais jamais poursuivi une histoire d’amour avec une servante, soit la cousine de sa femme soit n’importe qui. On imagine que mieux comprendre Pierre Lannes, c’est mieux comprendre Claire Lannes, et aussi inversement.

Ensuite on passe au troisième personnage, l’Interrogateur. Au début, il est  facile de le reléguer à l’arrière-plan. Il nous donne un croquis de l’histoire, il nous indique que Pierre n’est pas un suspect, et il agit comme interlocuteur (il serait saugrenu de monter un spectacle qui ne comprend que deux monologues étendus). Mais petit à petit, l’interrogateur gagne sa propre histoire, ou plutôt son propre mystère. Qui est-il? Il n’est ni magistrat ni juge ni psychologue. Est-il journaliste? Historien? Un parent caché de la victime? Pourquoi est-ce qu’il approfondit cette affaire sensationnelle? Est-il capable de freiner ses enquêtes, et sinon d’où vient son empressement  à les comprendre? Au cours de la pièce, il émerge comme un homme frustré, fouillant obsessivement pour trouver les explications qui lui échappent, comme elles nous échappent tous.

Enfin, tous les trois personnages, Pierre, Claire, et l’Interrogateur, suscitent en nous un désir fort de comprendre leurs motivations. Mais il y a un quatrième personnage, ou plutôt une personne, dont les motivations m’intéressent: c’est Marguerite Duras. La version du texte que j’ai lu correspond au mise en scène au Théâtre d’Orsay en 1976. Mais le spectacle original a été créé au Théâtre national populaire en 1968, tiré de son roman de 1967. En outre, elle a écrit et monté une autre pièce au même sujet, Les Viaducs de la Seine-et-Oise, sept ans plus tôt en 1960. Évidemment, ce meurtre commis par Amélie Rabilloux en décembre 1949 préoccupait Marguerite Duras pendant longtemps. Quel élément, quelle combinaison de gens et de circonstances de cette histoire l’envoûtait?

Je retourne finalement aux questions philosophiques. Si on souhaite jamais développer des théories ou des instruments pour comprendre les comportements complexes, subtiles, et entremêlés des gens dans la vie ordinaire, il faut d’abord que ces outils fonctionnent dans les situations les plus pures, simples et extraordinaires. Nous abordons les événements quotidiens en examinant les affaires hors du commun. Si Marguerite Duras retournait fréquemment à ce découpage en morceau d’un corps humain, c’est parce qu’elle veut disséquer notre nature humaine pour repérer où demeure la volonté.

Language aside, it’s not a great essay. It’s got two or three ideas in it, and I like the closing sentence, but the middle is far too rambling with endlessly posed but unanswered questions. Fortunately, I wrote it more as a vehicle for improving my French than to be a solid work of literary criticism. So let’s see what I gained on that front.

Things I Learned

My original draft had a number of boring errors in preposition choice, adjective agreement, or omission of reflexive pronoun. I continue to work on my automaticity in these areas and am getting better little by little. There were several more substantive corrections I learned:

  • Keeping a consistent register. This essay starts out in a high register, using highfalutin phrases to talk about philosophy and literary construction. That’s a valid stylistic choice, but only if it is maintained throughout. So my teacher identified several familiar expressions that broke this pattern and revised them into a more formal register.
    • «La volonté, ça vient d’où» became «D’où vient la volonté».
    • «un tas de» became «un amas de».
    • «Pourquoi elle ne veut pas» became «Pourquoi ne veut-elle pas».
    • «Bien sur qu’il y a» became «Bien sur, il y a».
    • «c’est facile de» became «il est facile de».
    • «machins» became «outils».
    • «bizarroïde» became «hors du commun».
  • Malgré que is the subject of a longstanding grammar controversy. There’s a lengthy entry about malgré que on CNRTL (see article II), which is considered an authoritative source by my French work colleagues. It begins : «Ac. 1835-1935, Littré et les grammairiens puristes n’acceptent malgré que que dans l’emploi II A, qui n’est pas un emploi conj. mais où malgré est un subst. compl. de j’en aie et que le pron. rel.…». Long story short, in oral language everybody uses «malgré que» = “despite the fact that” as they use «bien que» = “even though”. But the official grammar ruling is that in a formal register one must use only malgré + a noun, never malgré que + a clause. Bien que + a clause is still fine. However, this rule is far more honored in the breach than in the observance, even in soutenu register writing, and so we let it stand in my essay: Malgré qu’elle ne soit pas présentée. There is general consensus that if one uses this locution, the verb in the subsequent clause must be in the subjunctive mood.
  • Chimique is always an adjective, never a noun. There is no French noun corresponding to the English noun “chemical(s)”. The French speak of «produits chimiques», «particules chimiques», etc. The word is an adjective and must always modify some noun.
  • affronter, confronter. These two words both map to “confront” or “face” in English, but in French the correct choice depends on the nature of the thing being faced. If it’s a localized person, opponent, or obstacle and you wish to describe its position, you use confronter. If it’s a non-localized challenge, a danger, or a fear and someone is tackling or addressing it, you use affronter. The word confronter really has a face-to-face, head-on, physical arrangement aspect to it. In the essay above, a slight change to the sentence would highlight the ability of this distinction to resolve ambiguity: «Est-ce qu’il soupçonnait son crime horrible et a préféré différer le moment de l’affronter. Since the verb is «affronter» the elided pronoun l’ refers to the crime, and not to the criminal. If I meant the criminal I would need to write «le moment de le confronter», as you would look directly at the criminal while confronting them with an accusation.
  • un proposition has a meaning more specific than its English cognate “proposition”. The French «proposition» is a proposal, a demand, or an offer. In English, I use the word proposition also to mean a statement that can be true or false: “I was in Connecticut this weekend” or “The global climate is on track to rise by 2° by 2050.” Apparently this usage of «proposition» in French is restricted only to technical discussions of Boolean logic and not everyday statements. I replaced «proposition» in my original draft with «déclaration» when referring to a simple statement.
  • fouiller can mean “to dig through”, “to rummage”, or “to search” (it can also mean simply “to dig” in the ground). The direct object is the thing being searched: fouiller un tiroir, fouiller une valise. But if you want to name the target of the search, you can’t simply use pour and a noun: Je fouille l’armoire pour une chemise. You have to add a verb into the mix: Je fouille l’armoire pour trouver une chemise or Je fouille l’armoire pour repérer une chemise. The French sure do like their verbs…

Joséphine Baker to Enter the Panthéon

My French homework this week from teacher N.M. was to read and write a response to a pair of texts about the Panthéon and the decision last month to admit Franco-American Joséphine Baker into its elite ranks. At present only 71 luminaries are buried in this «nécropole laïc».

The prompt asked for 30 lines addressing the question: «Pourquoi selon vous a-t-on besoin de sacrer des personnalités et de les faire entrer au Panthéon?» (“In your opinion, why must we venerate great people and admit them into the Panthéon?”). Here’s my 400-word response:

Version originale

Quand Achilles, le héro grecque, délibérait aller à la guerre de Troi ou rester chez lui, sa mère Thétis lui a dit «Si tu restes ici, tu vivras. Tes enfants t’aimeront et tes petits-fils se souviendront de toi. Mais, tes arrière-petits-fils t’oublieront. Si tu pars pour la guerre, tu mourras. Mais, tu resteras dans la mémoire pour toujours». Pour les Grecques, la mémoire c’est la vie, peut-être la façon de vivre la plus puissante. Et donc Achilles est parti, a gagné sa mesure de la gloire autant qu’une place dans notre connaissance collective pendant deux mille sept cents ans.

L’existence du Panthéon français est une réaction non seulement à la réalité inévitable de notre mortalité individuelle, mais aussi à la crainte que notre société elle-même puisse disparaître. Nous imaginons que nos achèvements et nos valeurs continueront après nos morts, mais comment assurer qu’ils perdureront et ne sont pas au gré de la mode de nos héritiers? Si l’on veut que quelque chose dure, la construisez en pierre! C’est pareil pour une église, un musée, une banque, ou une tombe. Il y a peu de monuments en bois ou en boue qui nous restent d’Antiquité. Mais d’artefacts en pierre, il y en a beaucoup. Donc, on grave les noms des renommés dans les roches de ce bâtiment célèbre.

Version rédigée avec N.M.

Quand Achilles, le héro grecque, délibérait aller à la guerre de Troie ou rester chez lui, sa mère Thétis lui a dit «Si tu restes ici, tu vivras. Tes enfants t’aimeront et tes petits-fils se souviendront de toi. Mais, tes arrière-petits-fils t’oublieront. Si tu pars pour la guerre, tu mourras. Mais, tu resteras dans la mémoire pour toujours». Pour les Grecques, la mémoire c’est la vie, peut-être la façon de vivre la plus puissante. Et donc Achilles est parti, a gagné sa mesure de la gloire autant qu’une place dans notre connaissance collective pendant deux mille sept cents ans.

L’existence du Panthéon français est une réaction non seulement à la réalité inévitable de notre mortalité individuelle, mais aussi à la crainte que notre société elle-même puisse disparaître. Nous imaginons que nos achèvements et nos valeurs continueront après notre mort, mais comment assurer qu’ils perdureront et ne seront pas au gré de la mode de nos héritiers? Si l’on veut que quelque chose dure, construisez-la en pierre! C’est pareil pour une église, un musée, une banque, ou une tombe. Il y a peu de monuments en bois ou en boue qui nous restent de l’Antiquité. Mais d’artefacts en pierre, il y en a beaucoup. Donc, on grave les noms des renommés dans les roches de ce bâtiment célèbre.

Pourtant, la Panthéonisation n’est que pour ceux qui nous suivent en maintes siècles, c’est également pour nous-mêmes aujourd’hui. Nos sélections actuelles définissent notre présent autant que leurs mémoire nous définiront dans l’avenir. On peut évaluer une société par examiner ceux auxquels elle accorde l’argent et la gloire. Admettre Joséphine Baker à ce club exclusif c’est valoriser non seulement son art et sa lutte contre le racisme, mais l’Art et la lutte contre le racisme. Aussi, par extension, la lutte contre le harcèlement sexiste, l’homophobie, et pleins d’autres pestes sociales actuelles. Même si le Panthéon délabre au cours des siècles, même s’il est détruit en quelques années, la choix elle-même est une acte politique qui peut lever des gens privilégiés en affranchissant un peu plus leurs esprits.

Toutefois, on ne doit pas imaginer que sacrer certaines personnalités suffit pour sécuriser une société dans les yeux du futur. Nous pouvons les ériger commes idoles et les vénérer comme les déités, mais si nous ne les honorons pas avec nos actions la société qu’elles représentent va écrouler. Car on doit rappeler les mots de Friedrich Schiller dans Die Jungfrau von Orleans: «Contre la stupidité, les dieux eux-mêmes se battent inutilement».

Pourtant, la Panthéonisation n’est pas ciblée que à ceux qui nous suivrons dans maintes siècles, mais également à nous-mêmes aujourd’hui. Nos sélections actuelles définissent notre présent autant que leurs mémoire nous définiront dans l’avenir. On peut évaluer une société en examinant ceux auxquels elle accorde de l’argent et de la gloire. Admettre Joséphine Baker à ce club exclusif c’est valoriser non seulement son art et sa lutte contre le racisme, mais l’Art et la lutte contre le racisme. Aussi, par extension, la lutte contre le harcèlement sexiste, l’homophobie, et pleins d’autres pestes sociales actuelles. Même si le Panthéon se délabre au cours des siècles, même s’il est détruit dans quelques années, le choix lui-même  est un acte  politique qui peut remonter le moral des gens marginalisés  en affranchissant un peu plus leurs esprits.

Toutefois, on ne doit pas imaginer que sacrer certaines personnalités suffit pour faire admirer notre société dans les yeux du futur. Nous pouvons les ériger comme idoles et les vénérer comme les déités, mais si nous ne les honorons pas par nos actions la société qu’elles représentent s’écroulera. Car on doit rappeler les mots de Friedrich Schiller dans Die Jungfrau von Orleans: «Contre la stupidité, les dieux eux-mêmes se battent inutilement». 

Touchez pas à la charentaise!

Les charentaises are a particular style of slippers made in La Charente, a department of France some 80 miles north east of Bordeaux. I’ve driven past it, but never gone there. These slippers have been made in La Charente for over 350 years, first by hand and then by machine. They were originally intended for military and rural life, as a comfortable indoor shoe that you could keep on all day long while you donned and doffed your outdoor boots or wooden shoes. A number of charentaises-making factories opened there in the first years of the 20th century, and they started aggressively exporting the slippers globally in the 1950s. At its peak in the 1970s, this French industry was exporting over a million pairs of slippers each year. Together with a beret and a baguette, a pair of charentaises became part of the French caricature.

The global center of shoe manufacturing today is in Asia, as China, India, Vietnam, and Indonesia account for 75% of all output. While French production of slippers fell precipitously in the past 50 years, it’s having something of a resurgence, both in La Charente and in Brittany. The French government has been pursuing a “Made in France” industrial initiative for the past few years, and generally has a soft spot for saving culturally iconic production. My French teacher assigned me to watch a documentary about the re-opening of one of the original charentaise factories and write a response about the importance (or not) of preserving industries like this.

Here’s my rather rambling response, after applying corrections suggested by my teacher N.M. In other posts I include both my original draft and the final draft after editing in order to display my errors. But as this post is long enough already, I’m posting only the final draft.

Version rédigé avec N.M.

C’est quoi la forme de la vie? La pomme est ronde, un cristal de sel est cubique, la coquille d’un escargot est spirale. Quelle est la morphologie de la vie? Dans son livre La Maison de joie: Une histoire de la vie et de la mort, l’historienne Jill Lepore constate que de l’Antiquité à la Lumière les peuples de l’Ouest ont imaginé que la vie est comme un cercle. On est né, on reçoit la sagesse et les traditions du passé, on habite dans la maison de son père, on laboure les champs de son grand-père, et on mange les recettes de ses arrières grand-mères. Au cours des années, on grandit, on a des enfants, et on leur apprend à faire comme leurs parents. Finalement on vieillit, on sourit aux petits-enfants, on leur enseigne les comptines patrimoniales, et on meurt conforté par le fait que le cercle recommence.

Pourtant depuis la Lumière, cette notion d’une vie cyclique a été remplacée par la vie linéaire. On utilise la raison pour améliorer les techniques. On progresse. On grimpe vers le sommet, on se hisse à l’échelle. L’arrivée de l’industrialisation et des idées de Darwin au XIXe siècle a accéléré cette réorientation de la conception de la vie. On doit construire, accumuler, foncer plus loin ou plus vite. Regardez les milliardaires de nos jours, messieurs Bezos et Branson, qui se hâtent de se lancer dans l’espace. Ruons-nous vers l’avenir!

Mais faites attention! Parce qu’on ne peut pas être au four et au moulin. En se dépêchant sur la longueur du chemin de progrès, il faut qu’on lâche maintes coutumes du passé. On ne peut pas dire «Rien à jeter» en surchargeant les malles de notre culture actuelle. Nos boulevards sont ou pour les chevaux, ou pour les automobiles, mais pas les deux. Un stationnement au centre ville est ou une écurie ou un parking. Et un travailleur doit choisir un métier, soit fermier, soit ouvrier, soit enseignant, soit avocat. Quel choix fera-t-il?

D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?

Ça me rappelle des questions du peintre Paul Gauguin, dont une œuvre est sous-titrée «D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?». Parce que la question de «que garder, de quoi se débarrasser» est à son cœur une question d’identité. Pour les circulaires, répondre à ces trois questions est facile. Nous venons d’un chemin déjà arpenté par nos parents; nous sommes des gens qui entournent cette orbite familiale sans aucun souci; nous repasserons les mêmes chemins à nos tours. Mais chez les linéaires, chez les dévots du progrès, les questions d’identité sont plus difficiles. Il faut changer pour s’améliorer, et un changement de mode de vie exige un changement d’identité. Choisir d’abandonner nos pratiques habituelles, de bouleverser nos affaires, c’est choisir de nous laisser mourir un peu pour permettre de faire naître le prochain «nous». Sommes-nous prêts à mourir?

Enfin, au bout de cette route sinueuse, j’arrive au sujet des charentaises. Cette pantoufle particulière est née il y a trois cent cinquante ans. En 1907, Théophile Rondinaud (parmi les autres) à lancé une usine à Rivière en Charente. Dès les années 1950, son fils James Rondinaud exportait ce produit dans le monde entier. Pendant les années 1970, l’usine Rondinaud employait 1300 travailleurs. La Charente était renommée pour ces jolies pantoufles douces. Mais cinquante ans plus tard, c’est la faillite. Les fabricants asiatiques ont surpassé ceux de la Charente, les chiffres d’affaires ont chuté. Même avec une consolidation de quatre fabricants sous le nom «la Manufacture Charentaise» (LMC), et avec la protection inédite du titre d’Indication géographique «charentaise de Charente-Périgord», cette société a dû mettre la clé sous la porte en 2019.

Est-ce qu’il faut être en deuil pour cette industrie française? Il y a deux ans qu’Emmanuel Macron a annoncé son initiative de relocaliser certaines chaînes de valeur pour les produits critiques. La crise sanitaire du Covid-19 a démontré la sagesse de fabriquer les molécules pharmaceutiques intra-pays. Une usine pour faire les semi-conducteurs en France c’est stratégique pour ne pas être dépendant de la Chine pour nos ordinateurs et nos portables incontournables. Mais les pantoufles? Forcément un manque imprévu de chausseurs duveteux ne serait pas une crise nationale. Les orteils patriotiques de la France survivraient.

Ici ce n’est pas une question de nécessité mais d’identité. Si un membre de la famille Rondinaud, comme l’arrière petit-fils Olivier Rondinaud, veut continuer l’entreprise, qu’il y aille. Mais si la rentabilité est insuffisante, on doit poser la question: d’où viendra la subvention? À mon avis, ceux qui s’identifient aux charentaises doivent subventionner eux-mêmes leur fabrication en France. Si c’est Olivier Rondinaud seul, je souhaite qu’il ait une grande fortune personnelle. Si ce sont les travailleurs de l’usine, peut-être qu’ils voudront travailler à des salaires réduits. Enfin, si les habitants du département ou du pays s’identifient profondément avec les charentaises, une subvention nationale serait dans ce cas-là la plus correcte. Pas de problème pour moi.

Mais il se trouvera, peut-être, que les consommateurs de la France préfèrent acheter les pantoufles bon marché, que les contribuables préfèrent renouveler les autoroutes, et que Mais peut-être qu’il se trouve que les consommateurs français préfèreraient acheter des pantoufles bon marché, que les contribuables préféreraient renouveler les autoroutes, et que les électeurs préféreraient revaloriser les salaires des soignants. Évidemment, il y a des limites budgétaires. Donc, qui sont les Français? Un peuple qui donne priorité à ses pieds? Ou un peuple en marche vers l’avenir sur des chemins modernes, avec des soignants correctement payés, mais avec les pieds à la chinoise?

Summer Lessons Day 13: Codenames

One last day of vacation, one last lesson with Sofia to close out the series. The focus of our final session was code-names – not the award-winning word game by Vlaada Chvàtil, but the actual French legal code and the actual geographic names of places. We also did some grammar and some writing.

The grammar section touched on the timeline of indicatif verb tenses and how they can indicate the relationship between the action being described and the present moment (or more precisely, the moment where the narration is situating itself). So the plus que parfait comes before the passé composé. The passé récent, présent, and futur proche are all considered as “present-ish” moments. And the futur comes further along in time, with the futur antérieur sneaking in between the present and the future when one needs to talk about sequenced future events.

Mille bornes ou temps borné?

There’s one more commonly used indicative tense I haven’t listed, which is the imparfait. I’ve heard the distinction between the imparfait and the passé composé described in many ways: the passé composé is for one-time actions, while the imparfait is for habitual past actions; the imparfait is for descriptions while the passé composé is for events; the imparfait is for continuous action in the past; the imparfait is for background scenery while the passé composé is for the focus of a narration, the plot. But Sofia gave me a new one that I find helpful: the passé composé is a bounded tense (un temps borné), while the imparfait is an unbounded tense (non borné). If you don’t know (or don’t wish to indicate) when an action finished, use the imparfait. Note that the present is implicitly an unbounded tense, while both plus que parfait and futur antérieur are bounded tenses, as they are only used when you need to indicate an event that has finished before some other event you wish to mention (either past or future relative to now). I don’t know why borné is a more helpful concept to me than “continuous”, but it does give me a new lens for the imparfait / passé composé distinction.

Coding on a Sunday

After the grammar, we watched another montage of “man on the street” interviews (a «micro-trottoir») asking how people felt about working on Sunday. Traditionally most everything is closed on Sunday in France. Originally this was to reserve it for religious observances, but with la laïcité this historical basis has been de-emphasized. The opinions featured in the clip varied, and I expected to be asked to write several paragraphs about my views. But this day’s lesson had a twist on the timed writing exercise: instead of having 25 minutes to write at length in response to a prompt, I had 25 minutes to read a complicated document and then summarize it in under 80 words.

I have a fair amount of experience reading French fiction, and I’ve also read and listened to a decent amount of French news articles, but I haven’t done much with reading more official French documents. Digesting the opening 20 paragraphs of this government-issued review of the laws and regulations surrounding Sunday hours for salaried workers was a comparatively experience. I’ve done something similar when I opened a bank account in France eight years ago and again when I investigated traveling there this summer amid Covid, but that’s about it.

Here’s an example of the text, beginning with an excerpt from the actual Code itself:

Un salarié ne peut travailler plus de 6 jours par semaine : au moins un jour de repos (24 heures auxquelles s’ajoute un repos quotidien minimum de 11 heures) doit lui être accordé chaque semaine et, en principe, le dimanche (repos dominical). Toutefois, le principe du repos dominical connaît plusieurs types de dérogations qui peuvent, selon le cas, être permanentes ou temporaires, soumises ou non à autorisation, applicables à l’ensemble du territoire ou à certaines zones précisément délimitées, etc.

Le fait de méconnaître les dispositions du Code du travail relatives au repos hebdomadaire et au repos dominical est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la 5e classe. Les contraventions donnent lieu à autant d’amendes qu’il y a de salariés illégalement employés. Les peines sont aggravées en cas de récidive dans le délai d’un an.

The text is not fundamentally difficult but it is definitely a different register of language than news reporting. Most of the work is in untangling the nuances that are built into the law, though there is also some specialized vocabulary whose meaning I had to deduce on the fly from context. I imagine the comparable English section of Massachusetts state law would have the same feel.

Summarizing 20 paragraphs in 80 words does not leave a lot of room for fancy constructions or even many modifiers. I ended up writing 110 or so naturally and then trimmed it back to reach the limit. We did a quick joint editing afterwards. Here are the two drafts.

Version originale

En général, la loi de travail dit que le dimanche soit un jour de repos pour les salariés. Mais il y a plusieurs exceptions: certains établissement qui s’occupent des besoins de public ou qui bénéficent de travail en continue peuvent obliger leurs salariés à travailler le dimanche. Autres entreprises définies peuvent rester ouvertes le dimanche avec les salariés à volontés. En outre, il y a une dérogation temporaire pour ces entreprises qui luttent contre la Covid-19 en n’importe quelle mesure.

Version corrigée

En général, le code du travail dit que le dimanche doit être un jour de repos pour les salariés. Mais il y a plusieurs exceptions: certains établissements qui s’occupent des besoins du public ou qui produisent en continue peuvent obliger leurs salariés à travailler le dimanche. Les autres entreprises évoquées peuvent rester ouvertes le dimanche avec les salariés volontaires. En outre, il y a une dérogation temporaire pour ces entreprises qui luttent contre la Covid-19 de quelque façon que ce soit.

Name That Rue

Speaking of Sunday, you might know that it is named for a prominent celestial body, as is Monday. Other days are named for the Norse gods Tyr, Wotan, Thor, or Freya. But who decided these things? Do these names represent the diversity of who we are as a society today? And what if the actions of these Norse gods are no longer acceptable to our modern mores – shouldn’t we stop honoring that one weekly?

https://www.youtube.com/watch?v=jlVhJsgTuqs

These questions seem a bit academic in thinking about days (nobody is about to mount a serious campaign to rebrand Saturday as Parvatiday), but they are very much in play in France when it comes to street names. French streets are old, and many are named after people who did very bad things – ruthlessly slaughtered people in Africa, traded in slaves, mistreated poor workers, abused women etc. And behavior aside, the vast majority of honorees are old European white men. So there is a French movement to rename some of the streets that currently glorify some pretty bad people and a parallel movement to name newly constructed streets for people who belong to underrepresented groups. For example, among French streets named for people only 10% or so are named for women. I imagine it’s not much different in the US.

We looked at two articles discussing this: a news item on the Macron government’s release of a list of suggested names that towns and cities may wish to choose from in naming streets; and, a magazine article about the myths behind Greek place names. We also watched a television report from Belgium about renaming problematic street names. After each one we discussed various prepared question in order to check reading or oral comprehension. The hardest piece for me was the Greek mythology one, primarily because it had dozens of unfamiliar names in it, mythological or actual. I do better understanding mechanisms than I do remembering catalogs of examples, so I had to keep referring back to the text to find the answers to the questions.

I’d say it was all Greek to me, but that’s not expression. When something is incomprehensible they describe it with «c’est de l’hébreu» or else «C’est du chinois». Maybe the French already decided that honoring the Greeks in this way was problematic …

Summer Lessons Day 12: Figures and Registers

Nicolas Hulot and Emmanuel Macron

Oh, no! Vacation is over and I have to go back to work tomorrow morning. That means if I don’t write up the last two days of my summer lessons now, they’ll likely get buried in the onslaught of quotidien concerns that no doubt are currently overflowing my corporate Inbox (I’m afraid to look …).

Thursday’s course with Léo was a bit non-standard – quite literally. French teachers, dictionaries, and linguistic theorists pay a fair amount of attention to the idea of linguistic register. Some subsets of a language are only “appropriate” to use in certain situations which are typically characterized by their degree of formality. There are dozens of recognized subsets (see the International Organization for Standardization’s ISO/TR 20694:2018(en) A typology of language registers if you’re a real glutton for punishment), but the main three that figure in French are soutenu, standard, and familier:

  • Soutenu is the language of high literary texts, academic scholarship, and legal documents. It has a rich vocabulary, flowery figures of speech, and complex grammatical constructions.
  • Standard is the language of business documents, office conversation, banking, government publications, newspapers, non-fiction books, traditional classrooms. It uses clear wording, simpler grammar, and unimaginative language.
  • Familier is the language used with friends and family. It is rich with popular idioms, truncated words, incomplete sentences, slang, and sarcasm.

Thursday we left standard behind and focused on the other two.

Soutenu (mais Insupportable!)

To illustrate soutenu, Léonard had me read an ironic blog post by Samuel Gontier about the resignation of Nicolas Hulot. The piece comments on a rather tangled situation, with which by some unlikely coincidence I was already very familiar. Nicolas Hulot is a writer, journalist, and politician who is very well known in France as one of the foremost advocates of environmental and ecological issues. When Emmanuel Macron was elected president in 2017, Hulot agreed to serve as his “Minister for Ecological Transition and Solidarity”. This was intended as a signal that Macron was serious about addressing environmental issues, and the French Greens had high hopes that such a high profile appointment would translate into real progress.

It so happens that I was in France in August 2018, fifteen months later, when I tuned into France Inter’s regular morning radio news broadcast. As I got ready for my day, I heard Nicolas Hulot appear as the guest in the daily interview slot with hosts Nicolas Demorand and Léa Salamé. After complaining about the Macron government’s foot-dragging or even retrograde progress on the environment, Nicolas Hulot said he was not satisfied and felt like he was being used as a fig leaf. At that point Mme Salamé asked “Will you stay?”, and the minister replied by announcing his resignation on the spot, on live radio. Apparently neither the hosts nor the French President knew that this action was coming, and both were taken as much by surprise as the listening public.

But not me – I wasn’t all that surprised. Not that I had an inside track on anything, I just had no preconceptions. Maybe French Ministers resign live on air all the time? Maybe the whole thing was planned in advance and the hosts were in on it? Maybe the writing was on the wall and any knowledgable follower of French politics knew this was coming (just as nobody could have been surprised when scandal plagued Andrew Cuomo resigned as New York Governor last week – though Hulot’s case did not involve any scandals). What did I know?

But it turns out that this was a big deal. My French host had also heard the broadcast and thought it remarkable. So did other news outlets, and the story was all over the news for several days. “Environmental champion resigns, preserves his integrity, blasts Macron” was the basic headline. Next, however, France Inter started patting itself on the back mightily for being the messenger in this drama. Léa Salamé rehashed the moment in the next morning’s show (I heard that one, too), and later sat for an interview (which I also heard) with another member of the station who did an “On the Media” style introspection on how the moment came to be, what it meant for live radio journalism, what special rapport the three participants shared in the making of history.

All of this was a bit too precious for media critic Samuel Gontier. He skewered all this self-congratulatory pretentiousness with a faux-serious piece of his own. It was so full of soutenu constructions that my teacher Léo could use it as atlas of literary figures of speech. Many of them have names that come directly from Greek, and so are cognate with the comparable terms in English rhetoric. The devices we discussed were myriad: la gradation, l’hyperbole, l’euphémisme, la litote, l’anaphore, l’énumération, le parallélisme, la répétition, l’allégorie, la comparaison, la métaphore, la personnifcation, la métonymie, la périphrase, la synecdoque, l’antithèse, le chiasme, l’oxymore, l’ellipse, l’épiphonème. I don’t know that it was all that valuable to remind myself of the names of each technique, but it was fun to locate examples of many in the text. Not sure how much fun it would have been had I not known all the context deeply.

Familier (… or Hiéfamil ? )

After all that high dudgeon it was time for something more casual. A lot more casual. We looked at two aspects of the familier register: verlan (neologisms made by inverting syllables within a word) and colorful idioms.

I was already fairly familiar with verlan as a concept, but I learned several things about its history from the video. There was also an example of the French rail company trying and utterly failing to use verlan in an ad-campaign, rewriting «C’est possible» as «C’est blessipo». This did not go over well: turns out corporations making neologisms is not cool. It reminds me of a failed attempt by Google to introduce the availability of “stickers” in its messaging app by sending users a text saying that “Stickers are lit”. I had no idea what “lit” meant, but it turns out that’s what the cool kids were saying at the time. Since Google was far from being a cool kid at that point, the campaign fell totally flat. I’m pretty sure my hiéfamil is equally clunky.

Finally, we looked at a standard article about Grant Wood’s famous painting and then a familier comedy video parodying same. The figures come to life and give each other grief for their expressions (the literal once on their face, not the idiomatic ones in their mouths). Even if you can’t understand the French, it’s fun to watch how well the actors recreated the poses of the painting. Give it a play!

https://www.youtube.com/watch?v=qpFw5LBdIr8&t=11s