Fin de partie: On divorce de Dieu

I expect that the most familiar example of theater of the absurd, at least for U.S. readers, is Samuel Beckett’s Waiting for Godot. We read it in English class in high school, and even took a field trip to see it performed on stage. We also read it in French class in high school. When I was at college, I frequently used a computer system that offered you short text each time you logged out. The texts were randomly drawn from a collection maintained by the administrators. The most memorable one I ever saw was about the local public transit system: “One has the feeling that if Godot himself walked on stage in the middle of the second act and said ‘Sorry I’m late, I came by T.’, the audience would entirely understand.” Separately, I recently read a description of Godot as “The play where nothing happens. Twice.”

This week’s play is perhaps Beckett’s second most well-known work, Fin de partie (“Endgame”). It appeared in 1957 and has been regularly performed in French and in English ever since. You can find a full-length recording of a recent staging of the play in Toulouse. In 2018 an opera company in Milan commissioned a musical setting of the text which can be seen in all its glory on YouTube.

https://youtu.be/ALFiOCXQUek

There are four characters in the play: the blind and wheelchair bound Hamm; his hobbled servant Clov; his father Nagg (who lives in a trashcan); and his mother, Nell. The names are apparently symbolic for “hammer” and “nail” (in various languages, e.g. clou in French, nagel in German), but I didn’t see much of that in the play. There’s also apparently a fair amount of chess symbolism in the play, but I didn’t get that either. Likewise, I have no idea what to make of the two characters in the trash cans. What I did get was the heavy dose of existentialism. I didn’t understand the first thing about this philosophy when they tried to teach us about it in high school, but I understand it (or at least the Wikipedia presentation of it and some scattered follow up reading) a good deal better now. I wonder if I was an outlier, or if existentialism made no sense to any of us adolescents then.

As with past plays in this series, I tried writing something sensible about Fin de partie in French and then reviewed it with my teacher. This one turned out to be way more evidentiary than my previous analyses – all the page numbers are from Les Éditions de Minuit version, copyright 1957. Not the most exciting essay, but not terrible either. And even if the argument is weak, the practice at writing French was useful as always. This runs 1200 words, but many of them are just quoting Beckett directly, so my actual writing is less. Here’s the finished draft, post correction:

Fin de partie: On divorce de Dieu

On dit souvent «La guerre, c’est l’enfer». Mais qu’est-ce qui arrive après la guerre ? Le paradis, certainement pas. La fin de la deuxième guerre mondiale, et à vrai dire les quarante années précédentes, ont donné naissance à deux mouvements liés: l’existentialisme et l’absurde.

L’idée centrale de l’existentialisme et que le sens à la vie ne vient pas d’une source extérieure, mais d’une source intérieure. Les adeptes de l’existentialisme disent que «l’existence précède l’essence». Nous n’avons pas été créés ou destinés à faire quelque chose. Nous existons, et donc c’est à nous de créer un but, un destin, un sort, chacun pour lui-même. Les religions, les grands concepts abstraits comme les classes de Karl Marx, la liberté de Thomas Jefferson ou le nationalisme de Georg Hegel doivent tous être rejetés. Dans son livre L’existentialisme est un humanisme (1946), Sartre a écrit «L’existentialisme n’est pas autre chose qu’un effort pour tirer toutes les conséquences d’une position athée cohérente.» Les autres philosophes trouvaient la cohabitation de Dieu et de l’existentialisme envisageable, mais pas Sartre.

Quant à l’absurde, c’était une réaction contre les idées classiques et réalistes de l’art et de la littérature, ou peut-être une réinterprétation de ces idées. On peut dire qu’une œuvre d’art est un reflet de la vie elle-même, captée par un artiste. Mais pour les auteurs absurdes, la vie ne suit pas des chemins bien illuminés. Elle n’a aucun sens prédestiné. Les choses se passent aléatoirement, sans raison, sans justice, sans structure et sans prédictibilité. Donc présenter une image ou une histoire bien rangée, c’est mentir. Le théâtre de l’absurde a embrassé cette idée avec des pièces qui manquent d’une intrigue cohérente , dont les répliques sont souvent répétitives, et qui n’ont pas d’ancrage spatio-temporel.

Mais les pièces absurdes ne sont pas sans importance. L’écrivain a instillé des idées et une signification. Cependant, c’est à nous les spectateurs de construire le sens, à la manière des existentialistes. Si on arrive au même terminus que l’auteur, c’était un bon exercice pour donner forme au chaos. Si on arrive à sa propre destination, tant mieux. Forcer le public à penser par soi-même, c’est déjà une réussite pour les auteurs absurdes.

Donc, c’est à moi de repérer l’essence de Fin de partie, une pièce absurde de Samuel Beckett créé en 1957. Selon moi, c’est une pièce existentialiste dans la tradition de Sartre, dans laquelle on observe le divorce de l’homme et de Dieu. L’Homme est représenté par le personnage de Clov, pendant que le personnage de Hamm est l’incarnation de Dieu. Hamm donne des ordres toutes les deux minutes, Clov les suit sans comprendre pourquoi. Clov annonce qu’il voudrait tuer Hamm, et puis qu’il va le quitter. Finalement, Clov regarde quelqu’un à l’extérieur et il part sans même couvrir Hamm avec le drap. 

L’apothéose de Hamm, c’est une thèse audacieuse, mais l’évidence est partout. Pour commencer, où sont les personnages dans cette pièce? La scène est sans lieu spécifique, mais il y a deux fenêtres qui donnent vue sur la terre et la mer (pp 43-45). Ça nous rappelle les vers initiaux de la Bible «Puis Dieu dit : Que les eaux d’au-dessous du ciel se rassemblent en un seul endroit pour que la terre ferme paraisse. Et ce fut ainsi. Dieu appela « terre » la terre ferme, et « mer » l’amas des eaux.» Nagg, le père de Hamm, raconte l’histoire du tailleur anglais qui compare la confection de pantalons à la création du monde (p. 34). Hamm insiste pour être placé bien au centre de la salle (p. 40), comme Dieu était au centre de la civilisation pendant des millénaires. Hamm raconte l’histoire de l’origine de Clov, qui se termine avec les mots : «Sans moi, pas de père. Sans Hamm (geste circulaire), pas de home» (p. 54). On constate qu’avec l’insertion d’une seule lettre, la phrase devient «Sans Hamm, pas de homme.»

Certes, d’autres arguments s’opposent à l’identification de Hamm à Dieu. Nagg est le père de Hamm, n’est-ce pas? C’est vrai, mais Chronos est le père de Zeus et Bor est le père d’Odin, ce qui ne les empêche pas d’être des dieux. Qu’en est-il de l’épisode où Hamm siffle pour Clov puis ordonne «Prions Dieu.» (p. 73) ? Ils commencent, avec Nagg, mais que se passe-t-il ? «Bernique!» et «Macache !» (p. 74). Hamm annonce «Il n’existe pas !», mais il est aussi possible qu’il n’y ait pas de réponse parce que Dieu était l’abonné absent, étant celui qui a passé le coup de fil. 

Enfin, on peut objecter que Dieu est puissant, même omnipotent, tandis que Hamm est vieux et chétif. Comment expliquer cela? Toutes les choses s’épuisent, même les dieux. Il y a plusieurs indices que nous sommes à la fin d’une ère dans cette pièce. Les personnages parlent souvent du passé avec nostalgie: «Hamm: Autrefois tu m’aimais. Clov: Autrefois!» (p. 18); «Nagg: J’ai perdu ma dent. […] Je l’avais hier. Nell (élégiaque): Ah hier!» (p. 28) «Nagg: Hier tu m’as gratté là. Nell (élégiaque): Ah hier!» (p.32); «Clov: Nous aussi on était jolis – autrefois. Il est rare qu’on ne soit pas joli – autrefois.» (p. 59); «Hamm: J’ai un fou qui croyait que la fin du monde était arrivée […] Clov: Un fou ? Quand cela ? Hamm: Oh, c’est loin, loin […] Clov: La belle époque.» (p. 61). Jadis Dieu était puissant, mais maintenant il est aveugle et cul-de-jatte.

Il n’y a pas que Dieu qui s’épuise. il y a un manque de presque tout: «Il n’y a plus de roues de bicyclette (p.20), «Il n’y a plus de nature» (p. 23), «Il n’y a plus de dragée» (p. 74), «Il n’y a plus de marée» (p. 81), «Il n’y a plus de navigateurs» (p.86), «Il n’y plus de calmant» (p. 92), «Il n’y a plus de cercueils» (p. 100). Il y a un manque de contraste aussi. Le ciel n’est ni blanc ni noir mais gris, ou comme Clov dit: «Gris ! GRRIS! Noir clair. Dans tout l’univers» (p. 46). Si Clov connaissait les théories de Lord Kelvin il dirait «La mort thermique de l’univers», le terminus asymptotique pour un univers qui dure suffisamment longtemps. Même le titre de la pièce annonce la fin de quelque chose. 

Pourtant, à chaque fin il y a un nouveau départ. Dès le début de la pièce Clov désire un redémarrage: «Si je pouvais le [Hamm] tuer je mourrais content» (p. 41); «Je te quitte» (p. 54). «Je te quitte» (p. 77). Mais il ne le quitte pas. Pourquoi? Jadis il essayait de trouver l’essence de la vie en obéissant à Hamm. Au moment où nous le rencontrons, il a abandonné cette idée comme une mauvaise blague: «Hamm: Clov! […] On n’est pas en train de … de… signifier quelque chose? Clov: Signifier ? Nous, signifier ! (Rire bref.) Ah elle est bonne !» (p. 47). Néanmoins, il n’est pas encore prêt à quitter Hamm parce qu’il n’a pas de source alternative de signification. C’est seulement l’arrivée de quelqu’un – à l’extérieur, à peine visible – qui motive Clov à partir.

La nature de cette arrivée est obscure. Clov dit qu’il s’agit d’un môme, mais Hamm doute de l’existence du visiteur. Cependant, réelle ou non, les jours où Clov sert Hamm sont terminés, et Hamm le sait. «Clov: Tu ne me crois pas ? Tu crois que j’invente ? Hamm: C’est fini, Clov, nous avons fini. Je n’ai plus besoin de toi.» (p. 103) Quant à moi, j’estime que c’est Clov qui n’a plus besoin de Hamm. Il a créé son propre sens de la vie, comme un bon existentialiste. Quelle absurdité.

Things I Learned

  • Come follow, follow, follow, follow, follow, follow me: there are many ways to express that someone is a follower of a school of thought. Un adhérent refers to someone who is a dues-paying member of a political party. Those who agree with the positions of a party but don’t pay for membership are sympathisants. For something less political, like a religion or a theory, one can use words like partisan, adepte, or défenseur. For a sports team, the word is supporteur.
  • Mirror, mirror on the wall: the phenomenon of light bouncing off a shiny surface is distinct from the light or image produced by that phenomenon. The act of bouncing is la réflexion. The resulting image is un reflet. La réflexion is also the act of thoughtful introspection. When art imitates life, the work of art is un reflet.
  • Captive audience: the word captiver means enthrall, fascinate or enrapture. The word capter means to catch, emprison, or absorb. Artists hope the theater audience is captivé by their work, but concession stand prices are set knowing the audience is capté.
  • Distilled spirits: the word instiller literally means to introduce a substance bit by bit into a cavity or absorptive material. Think the condensing drops in an alcohol distillery. More metaphorically, it is used to mean to make someone gradually believe or adopt a set of values or culture. By contrast the word instaurer is the more formal establishment of a policy or set of rules. It is imposed rather than taught.
  • What do you call a work that carries the essence of existentialism? Existentialiste. What do you call a work that carries the essence of absurdism? Absurde. Apparently there’s no need for consistency when one is being absurd.
  • “The audience applauds” or “the audience applaud”? Not sure there’s one right answer to that in English, but apparently in French le public is singular.
  • Creationism: there are different nouns in French to describe the creation of different kinds of things. One speaks of la construction of a building, but la confection of a garment. Although according to CNRTL, you only use confection if the clothing is mass-produced, not if it is a bespoke garment. I don’t know what word you use in that case. The more generic word fabrication may be used for building and clothing alike.
  • Working for peanuts: Becket uses two offbeat words for meager results: bernique and macache. The dictionary says bernique is both archaic and familiar, an expression of frustration, disappointment, and rejection. It’s literally a kind of scallop shell. Macache is also old and slang. It means “not at all” or “nothing at all”. There are a lot of words like this in English: zilch, bupkis, nada, peanuts, squat, diddley, beans …