Jacques et son maître, par Milan Kundera (à Diderot)

Yesterday I read the play Jacques et son maître: Hommage à Denis Diderot en trois actes. The play was written (in French) in 1971 by Czech writer Milan Kundera. It is a «variation – hommage» on a novel that I haven’t read, Diderot’s Jacques le Fataliste et son maître, which was started in 1765 and published in installments from 1778 to 1780. The novel is apparently a series of philosophical dialogues between a servant and a master, including numerous digressions, bawdy stories, and presentations of new fables (e.g. La Gaine et le Coutelet).

The play is much the same, although Kundera fiercely corrected anyone who called it an “adaptation” of the novel. Instead, it honors Diderot’s original but uses modern theatrical devices like breaking the fourth wall from the opening lines, having characters openly question the talent of the (absent) playwright who is scripting their lines, and staging multiple plays-within-a-play. For all that, though, it remains light-hearted and easily accessible, more entertainment than social commentary. At a guess, it has updated the dialogue of Diderot and dropped most of the philosophy.

The original Diderot

To the extent that is philosophical investigation remains, it centers on whether our destinies are our own to shape, or whether «ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas est écrit là-haut». If our fates are already written, then what sense does it make to hold others responsible for their actions, good or bad? In the case of Man and God, this question has one import, but of course Jacques and his master consider it in the context of Character and Playwright, where the answer is (perhaps?) more clear. However as his master asks, «est-ce que tu es un salaud parce que c’est écrit là-haut ? Ou est-ce que c’est écrit parce qu’ils savaient, là-haut, que tu étais un salaud ? Quelle est la cause et quel est l’effet ?» Kundera doesn’t offer much by way of answer, but the audience doesn’t really care.

The bulk of the play is telling and retelling variations of the same story of love triangles (well, really lust triangles) gone wrong: man dallies with woman, then manipulates his friend into marrying his pregnant mistresses; woman is spurned by man, then manipulates her former lover into marrying a disguised prostitute; man offers to help friend hide a secret tryst with a woman, then sleeps with her himself; man offers to arrange a night of debauchery for his friend, then tips off the authorities to expose friend in compromising position. Throughout it all, Jacques tries to tell his master the story of how Jacques lost his virginity, and how that lead to his falling in love with a different woman. There’s lots of ribald details about the sizes of the women’s breasts and butts. It’s a little cringy, but the women are triumphant and the men ruined often enough that it’s still possible to produce this play in 2021 (Théâtre Montparnasse) without attracting too much opprobrium.

The play reminded me a bit of Fin de Partie by Beckett, which was written 14 years earlier. Each has the central dynamic revolve around a servant and a wheelchair-occupying master. Each has a lot of recurrent bits of dialogue and stories that are lengthened each time they are told. And each questions what controls and is controlled by the world we see on stage. But Beckett’s work is far more brooding and gloomy while Kundera’s is whimsical and ironic. None of Kundera’s characters take themselves all that seriously. Moreover, the Kundera dialogue is far more familiar and free than Beckett’s, which is turgid and formal. Perhaps it’s just easier for a Czech to write in French than an Irishman?

Some Vocabulary I Learned

There were a number of words and colloquialisms I learned while reading the play:

  • faire la noce – faire une partie de plaisir ; mener une vie de débauche.
  • un bambocheur – Personne qui aime faire la fête.
  • se toquer – Avoir brusquement un vif engouement pour quelqu’un ou quelque chose
  • un ardillon – Pointe de métal d’une boucle de courroie, de ceinture.
  • un tendron – Très jeune fille (d’âge tendre).
  • une grue – Populaire. Femme de mœurs faciles et vénales ; prostituée.
  • se fourrer – S’engager dans (une situation embarrassante).
  • une crécelle – Moulinet de bois formé d’une planchette mobile qui tourne bruyamment autour d’un axe.
    • voix de crécelle – aiguë, désagréable.
  • une raclée – Volée de coups.
    • filer (= donner) une raclée à qqn.
  • pouilleux – Misérable et sale.
  • une jante – Partie circulaire à la périphérie d’une roue de véhicule.
  • un essieu – Pièce transversale d’un véhicule, dont les extrémités entrent dans les moyeux des roues.

Un Calendrier de l’Avent du Film

The French Channel, a branded bundle from the streaming service Roku, is featuring one movie each day during the month of December, conceived as an Advent calendar of French film. What the heck, I figured, I can try watching a film each day. Turns out that their editorial tastes and mine do not exactly align, shall we say. I could only bring myself to watch one of the films all the way to the end, and that one I later learned was roundly panned by the critics (in fairness, there’s another film from the week which I expect is quite good, but I skipped for lack of time). Still, an interesting expansion of my awareness of what the French film industry has been churning out for the past 30 years. Moreover, the exercise provided a good opportunity to exercise my vocabulary for negative criticism. Here’s an 800 word review of the collection that I dashed off in a bit over two hours.

Un calendrier de l’Avent du film

Il y a quelques mois, on m’a appris que le service de streaming Roku a lancé une nouvelle proposition: « France Channel ». Pour huit dollars chaque semaine, je pourrais regarder sans limite une sélection de films, séries, et reportages. Je me suis vite abonné, mais ne l’ai pas beaucoup utilisé. Pourtant, pour le mois décembre France Channel a composé un calendrier de l’Avent du film français: un film pour chacun des 25 jours amenant à Noël. L’idée de regarder un film par jour m’a attiré, donc j’ai démarré ce projet cinématographique.

J’ai sauté le film initiale Le Père Noël (2014), parce que j’ai entendu dire que le père Noël est une ordure, ou du moins il l’en était en 1982. Le deuxième film c’est Tout Le Monde Debout (2018), dans lequel Franck Dubosc incarne un gaillard qui prend l’occasion de la mort de sa mère pour séduire une auxiliaire de vie (Alexandra Lamy) en se faisant passer pour un paraplégique. Après avoir souffert pendant vingt minutes les répliques de l’écrivaillon responsable de ce navet, je l’ai abandonné.

Le troisième film sélectionné est Un Homme Pressé (2018) avec Fabrice Luchini. M Luchini joue le rôle d’un PDG d’une grande société qui est frappé par un AVC, face à Leïla Bekhti, qui joue son orthophoniste. À la surface il y a des possibilités, mais les chroniqueurs du Masque et la Plume de France Inter ont jugé le film « pitoyable et médiocre », l’un d’eux disant qu’il est « désolé pour la carrière de Fabrice Luchini ». Heureusement, j’ai regardé l’intégralité du film avant de me renseigner sur les avis des experts, et je l’ai trouvé un bon challenge à comprendre. En conséquence de sa crise, le personnage de Luchini fait beaucoup de lapsus. Il dit « au revoir » pour « bonjour », il dit « épouser » pour « écouter », et il dit « cermi » pour «  merci ». Même le générique de fin continue cette blague, affichant « magie » pour « image » et « mistique » pour « musique », etc. La comédie tient, mais avec Luchini j’aurais espéré quelque chose de plus classique. Peut-être qu’on gagnerait à l’intituler Le parleur de verlan malgré lui.

Le quatrième film est Les Malheurs de Sophie (2016). C’est la troisième adaptation cinématographique d’un roman du même titre du XIXe siècle par Comtesse de Ségur, dont les essais précédents datent de 1946 et 1979. Sophie, incarné par Caroline Grant, est une môme de quatre ou cinq ans qui doit être la fille la plus sou-surveillé du monde. Elle habite dans un grand château et reçoit tous les jours, peu importe qu’elle est méchante, menteuse, et désobéissante. Comme elle est mignonne ! Comme elle est adorable ! Est-ce que j’ai mentionné qu’il y a une écureuil animée ? Apparemment une vraie écureuil aurait été trop chère ou trop effrayante. Où peut-être le syndicat des écureuil empêche ses membres de jouer avec des petites-filles de peur que les gamines ne tirent pas la queue. En tout cas, ce film sans aucune intrigue vaut le nom m’a ennuyé après 30 minutes et je l’ai mis à côté.

J’ai sauté le numéro cinq (La Gloire de mon père (1990), une classique d’après l’oeuvre de Marcel Pagnol) pour ne pas basculer ce défilé d’échecs. Je ne l’ai jamais vu, mais j’imagine qu’il doit être dû qualité. Je n’ai pas non plus regardé le sixième service de ce repas douteux, Le Jumeau (1984). Il s’agit d’un coquin qui se trouve dans un casino avec deux jumelles, une paire des Aphrodites américaines, riches et charmantes. Pour séduire tous les deux, ce gaillard invente un sosie qu’il déploie comme nécessaire pour masquer ses infidélités. Ou bien, c’est ce que je comprends du synopsis. J’ai trop de respect pour mes yeux de les faire l’épreuve de ce film.

Enfin, pour boucler la première semaine des films terribles, on nous propose Mais qui a tué Pamela Rose (2003). C’est un film dans le tradition de OSS 117 : Le Caire, nid d’espions (2006) et ses suites, sauf que le premier film d’OSS 117 a paru trois ans plus tard. De plus, Pamela Rose se situe aux États-Unis et nous montre deux agents du FBI, un pitre qui se sent « cool » et un vieux professeur de l’Académie du police nationale qui n’a jamais travaillé sur le terrain. J’ai regardé les vingt premières minutes du film, puis capituler au conclusion inéluctable: les éditeurs de ce calendrier d’Avent du film pour French Channel ne mérite qu’un morceau de charbon dans leurs chaussettes de Noël. Quant à moi, je dois annuler mon projet de regarder tout ces films pour que je ne crève pas mes yeux.

Things I Learned

Camus, Covid et l’Avenir

I’m only about a quarter of the way through reading La Peste by Albert Camus, but I like it very much so far. It’s quite different in style from Les Justes and also from what I remember of L’Étranger (which I last read some 35 years ago). So far it’s got a straightforward narrative style, chronicling the imagined events that follow the return of bubonic plague to Oran (Algeria’s second largest city) in the 1940s. Bubonic plague still exists in the world today, but it is easily treatable with antibiotics if identified early enough. However antibiotics like penicillin were not in widespread civilian used until the mid- to late-1940s, and so far they don’t factor into the story.

La Peste reminds me a bit of Michael Crichton’s Andromeda Strain, though of course Camus got there a couple decades earlier. But where Crichton went for medical techno-babble (which even by the 1980s hadn’t aged very well), Camus focuses on the human reaction to the slow-motion realization that the Black Death has returned. These age very well, I’m afraid, and resonate quite all to accurately with modern human reactions to Covid. I’m also told (though I hadn’t noticed it on my own yet) certain parallels with other calamities that struck the world in the 1940s.

I wrote up some musings on Camus and Covid (700 words) for this week’s French lesson. Here’s the text after some light revisions with my teacher.

Camus, covid, et l’avenir

Je viens de recevoir un email qui annonce les dates du festival d’Avignon 2022, qui a lieu d’habitude les trois dernières semaines de juillet. Je dis «d’habitude», mais en fait les dates précises sont plus aléatoires que prévisibles. Cette année on commence le 7 juillet, mais pendant les derniers dix dernières années le jour J variait du 4 juillet au 7 juillet sans modèle. Quelquefois on commence le jeudi, autres fois le dimanche,  le lundi ou le mercredi. Et la date de fin est aussi arbitraire que la date du commencement. Et le festival 2020 a été totalement annulé à cause de la crise sanitaire de Covid-19. J’aurais bien voulu réserver un logement pour le festival il y a trois mois (car les hébergements au centre ville et bon marché sont rares), mais sans savoir les dates c’est trop aléatoire. Maintenant, avec l’arrivée d’omicron, le nouveau variant du virus, c’est encore possible que l’agenda du festival 2022 soit bouleversé. J’oublie quel petit malin a dit «La prévision c’est difficile – surtout quand il s’agit de l’avenir».

Ah, l’avenir, l’avenir. Pour moi, c’est incontournable – au moins, je souhaite accueillir l’avenir dans quelques années, sinon soit lui soit moi serons morts. J’ai passé ma jeunesse à jouer aux échecs, une entreprise ou on reste presque immobile pendant plusieurs heures en ne contemplant que l’avenir, où chaque coup est évalué en fonction des contre-coups possibles. Un peu extrême pour un gamin, j’admets, mais la fascination pourc l’avenir est un trait inné chez tous les humains. Le psychologue Daniel Gilbert écrit dans son livre Et si le bonheur vous tombait dessus : «Ce qui différencie l’homme de tous les autres animaux, c’est qu’il pense à l’avenir.»  Pourtant, il y a souvent un manque d’imagination parmi ces penseurs de l’avenir. Mon beau-père, bien muni en  adages qu’il estime sages, dit souvent «L’avenir n’est pas simplement une extension  du passé». Bien que cela me peine de l’admettre, j’ai peur qu’il ait raison.

La tendance à fouiller le passé pour prévoir est évidente sur la page Wikipédia qui concerne La peste, roman d’Albert Camus qui est paru en 1947. Après les parties typiques pour un tel article (historique du roman, résumé, personnages), on découvre une toute petit note au-dessous du titre Augmentation des ventes en 2020:  «En 2020, avec la pandémie de covid-19, le livre connaît un regain d’intérêt, notamment en France et en Italie, en raison de la ressemblance entre ce que le livre raconte et ce que vivent des populations dans de nombreux endroits du monde». Sans doute, l’auteur anonyme de cette page (un Bourbaki moderne) a totalement raison, car il peu probable que j’aurais commencé à lire ce premier chef-d’œuvre de Camus si la pandémie ne s’était jamais passée.

J’ai pris connaissance de La peste pour la première fois cette année après avoir entendu un entretien à la radio avec Marylin Maeso, qui a écrit un livre La fabrique de l’inhumain. Elle revisite La peste et le prend comme un point de départ pour parler des phénomènes sidérants et variés: la guerre, la torture, le terrorisme, etc. Elle constate nos incapacités à les confronter avec l’humanité, et cite les observations de Camus sur le désaccord entre l’échelle humaine et la taille des fléaux:

« Les fléaux, en effet, sont une chose commune, mais on croit difficilement aux fléaux lorsqu’ils vous tombent sur la tête… pestes et guerres trouvent les gens toujours aussi dépourvus. Quand une guerre éclate, les gens disent : «Ça ne durera pas, c’est trop bête. » … Nos concitoyens [étaient] humanistes : ils ne croyaient pas aux fléaux. Le fléau n’est pas à la mesure de l’homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c’est un mauvais rêve qui va passer… Ils continuaient de faire des affaires, ils préparaient des voyages… Comment auraient-ils pensé à la peste qui supprime l’avenir … ? »

Albert Camus, La peste

Je trouve ces phrases de Camus, écrites il y a soixante-dix ans, vraiment effrayantes. L’annonce d’Avignon arrive et je me hâte de réserver les billets d’avion, en imaginant que l’achat lui-même pourrait éloigner de la France cette peste contemporaine. Ça ne durera pas, ça fait déjà dix-huit mois. Y en a marre de l’incertitude, je déclare que c’est le Covid qui est annulé pour 2022 et pas le Festival d’Avignon. 

«Ce qui différencie l’homme de tous les autres animaux, c’est qu’il pense à l’avenir.» Pas seulement penser à l’avenir, mais défendre l’avenir, insister sur l’existence de l’avenir. Avec mon cerveau de joueur d’échecs, je vois clairement la possibilité de la résurgence de la crise sanitaire. Et je vais attendre quelques mois avant d’acheter les billets pour Avignon. Mais en même temps, je vais identifier les spectacles auxquels j’irai, je vais faire des recherches chaque semaine pour des logements disponibles au centre ville, et je vais informer mon patron de mes dates de vacances en juillet. Je ne suis pas prêt pour que le Covid supprime l’avenir. 

I imagine I’ll have more to say once I’ve finished the book. Meanwhile, I spent several hours yesterday planning my trip to Avignon in July. One can hope …

Things I Learned

  • For the beginning and end of a multi-day event, use la date de commencement and la date de fin. The phrases date initiale and date terminale aren’t strictly wrong, but are clunky.
  • Speculatif is used for financial dealings or for way-out-there scientific research. For an action taken with a lot of guesswork, the outcome is better described as aléatoire.
  • Un variant, une variante have subtly different meanings and domains of use. The masculine form is reserved for the context of biology and genetics. The feminine form is for music, art, language, and chess openings. Roughly speaking, une variante corresponds to the English “variation” (“theme and variation”, “Queen’s Indian defense, Nimzowitsch variation”), while un variant corresponds to the English “variant” (“omicron variant”).
  • Malin can be used as an adjective or a noun. It has a range of meanings along a spectrum from pretty negative (“evil”, “wicked”, or “demonic”) to moderately positive (“smart”, “astute”, “clever”). Ideas like “sly” and “crafty” are in between these two poles. However the phrase « petit malin » is more along the lines of “smart alec”, “wise guy”, or “slick character”.
  • On passe son temps à faire quelques chose. I would have thought it was en faisant qqch, but that’s not grammatical.
  • Fascinating: the proper locutions are être fasciné par or avoir la fascination pour. Choosing the right preposition in French is one of my enduring challenges.
  • Inné means “innate” or “inborn”, and here again choosing the preposition trips me up. In English, a characteristic or ability is innate to a person. But in French, there are multiple possible prepositions following inné. The most common is inné chez qqn, but you can also use inné en qqn, inné dans qqn, or inné à qqn. I haven’t been able to discern if there are rules of when to use which preposition, or if it is purely a stylistic choice.

Learning Log, 2021 Week 40 – 43

Hmm… October has come and gone, and I seem to have fallen out of the habit of posting a weekly language learning log. Some mix of travel, work, illness, and pursuing other hobbies has disrupted my daily routine. Also, reading and writing takes up a lot of time, crowding out exercises and listening. Here’s an incomplete list of what I’ve been up to this month.

Fin de partie: On divorce de Dieu

I expect that the most familiar example of theater of the absurd, at least for U.S. readers, is Samuel Beckett’s Waiting for Godot. We read it in English class in high school, and even took a field trip to see it performed on stage. We also read it in French class in high school. When I was at college, I frequently used a computer system that offered you short text each time you logged out. The texts were randomly drawn from a collection maintained by the administrators. The most memorable one I ever saw was about the local public transit system: “One has the feeling that if Godot himself walked on stage in the middle of the second act and said ‘Sorry I’m late, I came by T.’, the audience would entirely understand.” Separately, I recently read a description of Godot as “The play where nothing happens. Twice.”

This week’s play is perhaps Beckett’s second most well-known work, Fin de partie (“Endgame”). It appeared in 1957 and has been regularly performed in French and in English ever since. You can find a full-length recording of a recent staging of the play in Toulouse. In 2018 an opera company in Milan commissioned a musical setting of the text which can be seen in all its glory on YouTube.

https://youtu.be/ALFiOCXQUek

There are four characters in the play: the blind and wheelchair bound Hamm; his hobbled servant Clov; his father Nagg (who lives in a trashcan); and his mother, Nell. The names are apparently symbolic for “hammer” and “nail” (in various languages, e.g. clou in French, nagel in German), but I didn’t see much of that in the play. There’s also apparently a fair amount of chess symbolism in the play, but I didn’t get that either. Likewise, I have no idea what to make of the two characters in the trash cans. What I did get was the heavy dose of existentialism. I didn’t understand the first thing about this philosophy when they tried to teach us about it in high school, but I understand it (or at least the Wikipedia presentation of it and some scattered follow up reading) a good deal better now. I wonder if I was an outlier, or if existentialism made no sense to any of us adolescents then.

As with past plays in this series, I tried writing something sensible about Fin de partie in French and then reviewed it with my teacher. This one turned out to be way more evidentiary than my previous analyses – all the page numbers are from Les Éditions de Minuit version, copyright 1957. Not the most exciting essay, but not terrible either. And even if the argument is weak, the practice at writing French was useful as always. This runs 1200 words, but many of them are just quoting Beckett directly, so my actual writing is less. Here’s the finished draft, post correction:

Fin de partie: On divorce de Dieu

On dit souvent «La guerre, c’est l’enfer». Mais qu’est-ce qui arrive après la guerre ? Le paradis, certainement pas. La fin de la deuxième guerre mondiale, et à vrai dire les quarante années précédentes, ont donné naissance à deux mouvements liés: l’existentialisme et l’absurde.

L’idée centrale de l’existentialisme et que le sens à la vie ne vient pas d’une source extérieure, mais d’une source intérieure. Les adeptes de l’existentialisme disent que «l’existence précède l’essence». Nous n’avons pas été créés ou destinés à faire quelque chose. Nous existons, et donc c’est à nous de créer un but, un destin, un sort, chacun pour lui-même. Les religions, les grands concepts abstraits comme les classes de Karl Marx, la liberté de Thomas Jefferson ou le nationalisme de Georg Hegel doivent tous être rejetés. Dans son livre L’existentialisme est un humanisme (1946), Sartre a écrit «L’existentialisme n’est pas autre chose qu’un effort pour tirer toutes les conséquences d’une position athée cohérente.» Les autres philosophes trouvaient la cohabitation de Dieu et de l’existentialisme envisageable, mais pas Sartre.

Quant à l’absurde, c’était une réaction contre les idées classiques et réalistes de l’art et de la littérature, ou peut-être une réinterprétation de ces idées. On peut dire qu’une œuvre d’art est un reflet de la vie elle-même, captée par un artiste. Mais pour les auteurs absurdes, la vie ne suit pas des chemins bien illuminés. Elle n’a aucun sens prédestiné. Les choses se passent aléatoirement, sans raison, sans justice, sans structure et sans prédictibilité. Donc présenter une image ou une histoire bien rangée, c’est mentir. Le théâtre de l’absurde a embrassé cette idée avec des pièces qui manquent d’une intrigue cohérente , dont les répliques sont souvent répétitives, et qui n’ont pas d’ancrage spatio-temporel.

Mais les pièces absurdes ne sont pas sans importance. L’écrivain a instillé des idées et une signification. Cependant, c’est à nous les spectateurs de construire le sens, à la manière des existentialistes. Si on arrive au même terminus que l’auteur, c’était un bon exercice pour donner forme au chaos. Si on arrive à sa propre destination, tant mieux. Forcer le public à penser par soi-même, c’est déjà une réussite pour les auteurs absurdes.

Donc, c’est à moi de repérer l’essence de Fin de partie, une pièce absurde de Samuel Beckett créé en 1957. Selon moi, c’est une pièce existentialiste dans la tradition de Sartre, dans laquelle on observe le divorce de l’homme et de Dieu. L’Homme est représenté par le personnage de Clov, pendant que le personnage de Hamm est l’incarnation de Dieu. Hamm donne des ordres toutes les deux minutes, Clov les suit sans comprendre pourquoi. Clov annonce qu’il voudrait tuer Hamm, et puis qu’il va le quitter. Finalement, Clov regarde quelqu’un à l’extérieur et il part sans même couvrir Hamm avec le drap. 

L’apothéose de Hamm, c’est une thèse audacieuse, mais l’évidence est partout. Pour commencer, où sont les personnages dans cette pièce? La scène est sans lieu spécifique, mais il y a deux fenêtres qui donnent vue sur la terre et la mer (pp 43-45). Ça nous rappelle les vers initiaux de la Bible «Puis Dieu dit : Que les eaux d’au-dessous du ciel se rassemblent en un seul endroit pour que la terre ferme paraisse. Et ce fut ainsi. Dieu appela « terre » la terre ferme, et « mer » l’amas des eaux.» Nagg, le père de Hamm, raconte l’histoire du tailleur anglais qui compare la confection de pantalons à la création du monde (p. 34). Hamm insiste pour être placé bien au centre de la salle (p. 40), comme Dieu était au centre de la civilisation pendant des millénaires. Hamm raconte l’histoire de l’origine de Clov, qui se termine avec les mots : «Sans moi, pas de père. Sans Hamm (geste circulaire), pas de home» (p. 54). On constate qu’avec l’insertion d’une seule lettre, la phrase devient «Sans Hamm, pas de homme.»

Certes, d’autres arguments s’opposent à l’identification de Hamm à Dieu. Nagg est le père de Hamm, n’est-ce pas? C’est vrai, mais Chronos est le père de Zeus et Bor est le père d’Odin, ce qui ne les empêche pas d’être des dieux. Qu’en est-il de l’épisode où Hamm siffle pour Clov puis ordonne «Prions Dieu.» (p. 73) ? Ils commencent, avec Nagg, mais que se passe-t-il ? «Bernique!» et «Macache !» (p. 74). Hamm annonce «Il n’existe pas !», mais il est aussi possible qu’il n’y ait pas de réponse parce que Dieu était l’abonné absent, étant celui qui a passé le coup de fil. 

Enfin, on peut objecter que Dieu est puissant, même omnipotent, tandis que Hamm est vieux et chétif. Comment expliquer cela? Toutes les choses s’épuisent, même les dieux. Il y a plusieurs indices que nous sommes à la fin d’une ère dans cette pièce. Les personnages parlent souvent du passé avec nostalgie: «Hamm: Autrefois tu m’aimais. Clov: Autrefois!» (p. 18); «Nagg: J’ai perdu ma dent. […] Je l’avais hier. Nell (élégiaque): Ah hier!» (p. 28) «Nagg: Hier tu m’as gratté là. Nell (élégiaque): Ah hier!» (p.32); «Clov: Nous aussi on était jolis – autrefois. Il est rare qu’on ne soit pas joli – autrefois.» (p. 59); «Hamm: J’ai un fou qui croyait que la fin du monde était arrivée […] Clov: Un fou ? Quand cela ? Hamm: Oh, c’est loin, loin […] Clov: La belle époque.» (p. 61). Jadis Dieu était puissant, mais maintenant il est aveugle et cul-de-jatte.

Il n’y a pas que Dieu qui s’épuise. il y a un manque de presque tout: «Il n’y a plus de roues de bicyclette (p.20), «Il n’y a plus de nature» (p. 23), «Il n’y a plus de dragée» (p. 74), «Il n’y a plus de marée» (p. 81), «Il n’y a plus de navigateurs» (p.86), «Il n’y plus de calmant» (p. 92), «Il n’y a plus de cercueils» (p. 100). Il y a un manque de contraste aussi. Le ciel n’est ni blanc ni noir mais gris, ou comme Clov dit: «Gris ! GRRIS! Noir clair. Dans tout l’univers» (p. 46). Si Clov connaissait les théories de Lord Kelvin il dirait «La mort thermique de l’univers», le terminus asymptotique pour un univers qui dure suffisamment longtemps. Même le titre de la pièce annonce la fin de quelque chose. 

Pourtant, à chaque fin il y a un nouveau départ. Dès le début de la pièce Clov désire un redémarrage: «Si je pouvais le [Hamm] tuer je mourrais content» (p. 41); «Je te quitte» (p. 54). «Je te quitte» (p. 77). Mais il ne le quitte pas. Pourquoi? Jadis il essayait de trouver l’essence de la vie en obéissant à Hamm. Au moment où nous le rencontrons, il a abandonné cette idée comme une mauvaise blague: «Hamm: Clov! […] On n’est pas en train de … de… signifier quelque chose? Clov: Signifier ? Nous, signifier ! (Rire bref.) Ah elle est bonne !» (p. 47). Néanmoins, il n’est pas encore prêt à quitter Hamm parce qu’il n’a pas de source alternative de signification. C’est seulement l’arrivée de quelqu’un – à l’extérieur, à peine visible – qui motive Clov à partir.

La nature de cette arrivée est obscure. Clov dit qu’il s’agit d’un môme, mais Hamm doute de l’existence du visiteur. Cependant, réelle ou non, les jours où Clov sert Hamm sont terminés, et Hamm le sait. «Clov: Tu ne me crois pas ? Tu crois que j’invente ? Hamm: C’est fini, Clov, nous avons fini. Je n’ai plus besoin de toi.» (p. 103) Quant à moi, j’estime que c’est Clov qui n’a plus besoin de Hamm. Il a créé son propre sens de la vie, comme un bon existentialiste. Quelle absurdité.

Things I Learned

  • Come follow, follow, follow, follow, follow, follow me: there are many ways to express that someone is a follower of a school of thought. Un adhérent refers to someone who is a dues-paying member of a political party. Those who agree with the positions of a party but don’t pay for membership are sympathisants. For something less political, like a religion or a theory, one can use words like partisan, adepte, or défenseur. For a sports team, the word is supporteur.
  • Mirror, mirror on the wall: the phenomenon of light bouncing off a shiny surface is distinct from the light or image produced by that phenomenon. The act of bouncing is la réflexion. The resulting image is un reflet. La réflexion is also the act of thoughtful introspection. When art imitates life, the work of art is un reflet.
  • Captive audience: the word captiver means enthrall, fascinate or enrapture. The word capter means to catch, emprison, or absorb. Artists hope the theater audience is captivé by their work, but concession stand prices are set knowing the audience is capté.
  • Distilled spirits: the word instiller literally means to introduce a substance bit by bit into a cavity or absorptive material. Think the condensing drops in an alcohol distillery. More metaphorically, it is used to mean to make someone gradually believe or adopt a set of values or culture. By contrast the word instaurer is the more formal establishment of a policy or set of rules. It is imposed rather than taught.
  • What do you call a work that carries the essence of existentialism? Existentialiste. What do you call a work that carries the essence of absurdism? Absurde. Apparently there’s no need for consistency when one is being absurd.
  • “The audience applauds” or “the audience applaud”? Not sure there’s one right answer to that in English, but apparently in French le public is singular.
  • Creationism: there are different nouns in French to describe the creation of different kinds of things. One speaks of la construction of a building, but la confection of a garment. Although according to CNRTL, you only use confection if the clothing is mass-produced, not if it is a bespoke garment. I don’t know what word you use in that case. The more generic word fabrication may be used for building and clothing alike.
  • Working for peanuts: Becket uses two offbeat words for meager results: bernique and macache. The dictionary says bernique is both archaic and familiar, an expression of frustration, disappointment, and rejection. It’s literally a kind of scallop shell. Macache is also old and slang. It means “not at all” or “nothing at all”. There are a lot of words like this in English: zilch, bupkis, nada, peanuts, squat, diddley, beans …

Pourquoi écrire une pièce philosophique? Les Justes, par Albert Camus

Next up on the reading list of Harvard’s 20th Century French Theater and Performance course is Les Justes, by Albert Camus. Premiering in 1949, Les Justes is an examination of whether and when the ends can justify the means. The context of the play is the 1908 assassination of Russia’s Grand Duke Sergei Alexandrovich, uncle to the Tsar, an actual historic event carried out by a small group of Socialists plotting a revolution. The play itself concerns imagined discussions among the conspirators about the morality of their action, whether it matters, and if collateral damage changes the equation. It is a classical realist work with a clear five act structure, five major and four minor characters, and a mix of répliques (short lines) and tirades (extended speeches).

Camus wrote Les Justes in part as a response to arguments with Jean-Paul Sartre about the acceptability of political violence. Sartre was on the side of allowing a certain amount of individual or even random violence in order to overturn capitalism and colonialism, which he saw as long-term inflictors of systemic violence on populations. Camus was on the other side, drawing sharp limits on what was morally conscionable (as well as what was long-term effective) regardless of circumstance. This debate is very nicely described in a 2005 article by Ronald Aronson, Sartre contre Camus : le conflit jamais résolu. Eight years later, in 1957, Camus published a pair of essays Réflexions sur la guillotine and Réflexions sur la peine capitale in which he also objected to state sponsored execution. This topic remains hotly debated in France today, even though the death penalty was outlawed in 1981. Recent acts of terrorism on French soil (for example, the 13 November 2015 attacks at the Bataclan theater and elsewhere, the trial for which began last month) have raised the question of whether those guilty of atrocities deserve to die. So the work remains timely even though it is a 70-year-old work about a 110-year-old plot.

I wrote out some thoughts about the play, which unexpectedly grew to nearly 1,200 words. I lightly revised it during an editing session with my teacher.

Pourquoi écrire une pièce philosophique?
Les Justes, par Albert Camus

J’étais lycéen quand j’ai appris l’existence d’Albert Camus – et le mot «existence» est bien choisi, car au lycée le nom de cet écrivain était synonyme de la philosophie de l’existentialisme. Mes camarades de classe non francophones ont dû lire L’Étranger en traduction pour leurs classes d’anglais, pendant que nous francophones le lisions en version originale pour nos cours français. Le vocabulaire est simple et le titre connu, donc les profs l’ont choisi, même si l’existentialisme était peu accessible à la plupart des adolescents. Peu importe – c’est un roman philosophique, et donc bien convenable pour le lycée.

L’Étranger est un roman philosophique, et Les Justes est une pièce philosophique. Pourquoi écrire une œuvre littéraire philosophique? Pourquoi ne pas écrire un traité comme Locke ou Kant? Ou un essai comme Montesquieu? L’enseignant norvégien Jostein Gaarder a écrit Le Monde de Sophie, un roman sur l’histoire de la philosophie (très bon, d’ailleurs), mais c’est autre chose: un texte pour lycéens sous forme de roman plutôt qu’un roman philosophique. Alors, pourquoi? À l’université, j’ai suivi un cours de philosophie avec Michael Sandel. Il nous a conseillé (presque à chaque cours) d’examiner chaque théorie philosophique par rapport à la situation. Êtes-vous d’accord avec cette proposition-ci? Appliquez-la dans cette situation-là. Vous n’aimez pas les conséquences qui suivent? Comment adapter la théorie? Et maintenant, appliquez la théorie modifiée à la prochaine situation posée.

Sandel nommait ce mode d’analyse «la dialectique»: passer de la théorie à la pratique et retourner en boucle. Il nous a mis en garde de ne pas espérer trouver une philosophie parfaite, qui s’accorde avec toutes nos intuitions. Pour lui, engager cette dissonance entre l’idéal et le réel est lui-même un bien incontournable. Si nous sommes des êtres qui pensent, nous changerons nos idées quand nos théories se heurteront à nos réalités. Nous changerons nos actions. Et c’est justement ça, la raison pour écrire une pièce philosophique. Camus ne nous montre pas seulement des gens qui affinent leurs idées au cours d’un débat, à la manière de Platon dans ses Dialogues Socratiques, mais des gens qui affinent leurs comportements au cours de la vie vécue. Il y a des dissonances, il y des imperfections, et des incohérences. Mais il n’y a pas un manque de conclusions. Comme Sandel disait: «N’imaginez pas que vous n’avez pas de réponse aux questions philosophiques difficiles: par vos actions et vos inactions, vous vivez des réponses à de telles questions tous les jours.»

Alors, examinons les personnages de la pièce. S’ils n’évoluent pas, ça ne vaut pas la peine d’écrire une pièce et plutôt qu’un traité. Bien sûr, ce n’est pas nécessaire que tous les personnages changent de cheval au milieu du gué. Certains personnages ne sont que les incarnations de théories, presque des figurants. Les gens que Kaliayev rencontre en taule sont plutôt des caricatures que des personnages. Foka? Il représente le fatalisme, un cul-terreux qui a tué les gens quand il était ivre et qui continue à tuer les gens comme bourreau pour réduire sa peine. Skouratov? Il parle la langue des Athéniens dans la dialogue de Thucydide: «les forts exercent leur pouvoir et les faibles doivent leur céder». La Grande-Duchesse est un portrait de la religiosité, et le Gardien un croquis de celui qui baisse les yeux et évite d’attirer la moindre attention. Leurs vies intérieures ne nous concernent pas. 

Qu’en est-t-il des conspirateurs ? Ils ont beaucoup plus de répliques que les personnages ci-dessus, mais la plupart des conspirateurs restent inertes aussi. Boris est un guerrier noble et humain: il préfère attendre deux mois pour avoir la bonne opportunité de tuer la cible, seule et nette, que d’agir comme prévu et de risquer des victimes innocentes. Il décide que le meurtre des enfants n’est pas permis, et inutile de plus. Par contre, Stepan est rempli de haine et d’amertume au début, au milieu, et à la fin. Ni la présence des neveux du Grand-Duc, ni la mort de celui-ci occasionne une reconsidération de son désir pour la violence illimitée. La noblesse ne le concerne pas: «L’honneur est un luxe réservé à ceux qui ont des calèches», dit-il. Tous les deux gardent leurs attitudes originales au cours de la pièce, sans difficulté et apparemment sans réfléchir.

Donc, il nous reste Voinov, Kaliayev (dit Yanek), et Doulebov (dit Dora). Voinov adopte facilement le discours de l’Organisation, mais il flanche quand l’opportunité d’agir se présente. On imagine qu’il n’est pas un peureux, mais qu’il ne croit pas vraiment que la politique vaille de tuer ou de mourir. Pour sa famille ? Pour sa propre vie ? Qui sait ? Mais pas pour la politique.

Yanek est peut-être le personnage principal. Au premier acte il annonce sa fidélité à l’Organisation, et il affirme qu’il tuerait le Grand-Duc même s’il reconnaissait l’humanité de celui-ci. Au deuxième acte il découvre ses limites quand il refuse de tuer les neveux innocents, et au troisième acte il se montre résolu en lançant la bombe et en tuant le Grand-Duc. Yanek a survécu à sa crise philosophique, et garde sa solidarité avec ses camarades au quatrième acte en refusant les propositions de Skouratov en prison. Mais est-ce qu’il a réexaminé ses principes, ou en a-t-il seulement fait l’épreuve ? Pour moi, Yanek est un exemple et une dramatisation de tenir à l’idée que tout n’est pas permis, mais pas vraiment un exemple de dialogue entre la théorie et la pratique.

Enfin, il y a Dora. Au premier acte, Dora avertit Yanek de ne pas faiblir au dernier moment en face du Grand-Duc, mais j’estime qu’elle parle vraiment d’elle-même: elle aurait peur de renoncer à l’attentat si elle voyait le visage de sa victime. Au deuxième acte, elle dit qu’elle ne pense pas non plus que le meurtre des enfants innocents soit justifié. Mais la mort de son amant Yanek la fait changer d’avis. Elle tombe d’accord avec Stepan, à travers une perte personnelle. Au début de la pièce, elle doute que venger les offenses abstraites par un crime contre un individu soit juste. À la fin, elle se hâte de prendre sa revanche contre le monde pour lui avoir volé son amoureux, peu importe l’Organisation ou la justice. Elle est vraiment transformée par l’expérience et la réflexion.

Est-ce que ces deux illustrations, la fermeté de Yanek et la désolation de Dora, méritent une pièce entière? J’estime que non. Mais je pense que Camus a raison d’extraire la philosophie du royaume intellectuel. La philosophie est comme un plan, ce qu’on imagine qu’on ferait dans telle ou telle situation. Mais rappelons-nous les mots du boxeur américain Mike Tyson : «Tout le monde a un plan jusqu’à ce qu’on lui frappe la bouche.» Les Justes nous montre la philosophie de Dora, bouche sanglante.

 Les Justes, mise en scène par Abd Al Malik, pour le théâtre du Châtelet, Paris,  2019 / 2020

Not a bad essay, and better than my previous one on L’Amante anglaise, but still a bit light as literary criticism goes. Still, a good canvas on which to learn French. Here’s some things I learned from it.

Things I Learned

Once again I’m omitting boring errors in preposition choice, adjective agreement, or omission of reflexive pronoun. I’m getting better at these, and that may be the biggest benefit by volume of writing each week. But they don’t make for interesting reading so I’ll spare you. Here’s more interesting things I learned.

  • Keeping a consistent register. This essay started out in a high register with words like émender and précautioner, but that was not my intent. I have written a few high-register things lately and wanted to make this piece more familiar. I have a ways to go still. I also over-corrected, using near-slang expressions like ça ne vaut pas la peine, en taule, cul-terreux, and froussard. I still struggle to recognize when a word or expression that comes to mind is in vieux / soutenu or a familier / argot register, and it would be time-consuming to look up each and every one. I suspect the only solution is listen and read more, plus get more feedback on my writing.
  • Qu’en est-il de is a super-useful expression I some hadn’t come upon until this month. It means “What about … ?”, and asks for an opinion or information about the disposition of something. It’s useful both for requesting information or as a rhetorical way to introduce a next subject or part of a problem to be addressed.
  • Froussard, trouillard, poltron, … there are a surprising number of words to indicate somebody who is afraid or who scares easily. They differ in connotation as well as register of language. Peureux is a standard word for someone who is generally fearful or timid. Pleutre and couard are both littéraire. Lâche is more insulting. Froussard, trouillard, and poltron are familier.
  • Changing hearts and minds: in English, one can present an argument to change somebody’s mind. In French, I can change my own mind (J’ai changé mon avis), but it’s not typical to use changer d’avis as a thing that A does to B. (J’ai changé son avis). Correct is to use the construction faire changer: Je l’ai fait changer d’avis.
  • Best served cold …: the word dédommager is best translated as “compensate” or “indemnify”. The reflexive se (faire) dédommager is about seeking damages or settling claims. If you want to get revenge or justice at a moral level, you should use the express venger or prendre revanche.

I didn’t love this play, but it did make me more interested in Camus. I ordered a copy of his novel La Peste from the local bookstore, which seems particularly apropos given our pandemic. I knew about it vaguely, but heard about it recently in a radio interview with Marylin Maeso who was discussion her recent book La fabrique de l’inhumain, which very explicitly makes the case that the Covid-19 epidemic parallels the story of that novel. I’ll let y’all know what I think of La Peste when I read it.

Learning Log, 2021 Week 39

I’m logging what I do each week to improve my French. Maybe it will motivate me to do more. No need to post the details here, but I’ll see if posting a skeleton log of my actions helps motivate me to keep it up. I’ll update this post over the week rather than make new articles each time.

  • J’ai fait…
    • GPdF Niveau perfectionnement
      • 12 exercices sur Pronoms relatifs composés: duquel, auquel, dont, etc.
  • J’ai étudié …
  • J’ai écrit …
  • J’ai écouté à …
    • L’Invité de 8h20: Le Grand Entretien (FranceInter)
      • Christophe Castaner : “Ce serait simple si nous produisions nous-mêmes notre propre énergie”
      • Olivier Véran : “Le 3114 permettra aux Français de tomber sur des professionnels de la santé mentale “
      • Michel Barnier : “J’aurais préféré un vote plus ouvert, qui donnerait une légitimité plus grande”
      • Jordan Bardella : “Notre adversaire, c’est pas Éric Zemmour, c’est Emmanuel Macron”
      • Nathalie Cabrol : “Ce serait une absurdité qu’une vie extraterrestre n’existe pas”
    • L’Univers . Cours « tout public » Aurélien Barrau.
  • Cours particulier (x2)
    • Conversation: compte-rendu de Be Here Now” by Deborah Zoe Laufer.
    • Rédaction de mon essai sur l’Amante anglaise.

L’Amante Anglaise de Marguerite Duras

Last month I read the play L’Amante anglaise, by Marguerite Duras, which is the second item in the reading list of Harvard’s 20th Century French Theater and Performance course. Duras, who is perhaps best known in America as the author of Hiroshima Mon Amour, which was adapted into a 1959 film. L’Amante anglaise delves into the psyches and motivations of an unremarkable fifty-year-old woman, Claire Lannes, who murdered her cousin (a deaf and mute resident of Claire’s household) for no apparent reason. She then dismembered the body and spent several nights dropping the parts from a bridge onto trains passing below. The police found the pieces and traced them back to the one point that the disparate train lines had in common, that one bridge. From there they located Claire without difficulty.

But it is with difficulty that the audience tries to make sense of Claire’s character and inner life. The play has two acts and three characters. In the opening act, Claire’s husband Pierre is interviewed by a nameless interrogator who advises Pierre that he is not under suspicion, is not obliged to answer questions, and is free to go. But the Interrogator is deeply interested in understanding Claire, the crime, and Pierre’s marriage. The entire act is one long dialogue between the Interrogator and Pierre. Act two is more of the same, except now the Interrogator is interviewing Claire, who has already been tried and convicted, who is awaiting sentence, and who still has some undivulged secrets (e.g. what did she do with the head of her victim, which was never recovered? Why did she murder her cousin?). The Interrogator becomes more of a character in his own right in the second act as his frustrations in the face of Claire’s airy lack of self-knowledge reveal oddities in the Interrogator’s personality.

The play is based on a real crime that took place in 1949 in France, a murder and disposal-by-train by Amélie Rabilioux. Duras found this event a rich source of inspiration, as she wrote a first play about it 1960 (Les Viaducs de la Seine-et-Oise), and then a novel L’Amante anglaise in 1967, and then a play version of the novel in 1968. The text I read was from a revised script of the play which became standard in 1976. The play is well known and often performed. France Culture produced and broadcast a full-length studio reading of L’Amante anglaise 1967. There is also a 2021 filmed reading of it that breaks up the scenes and interleaves Pierre’s interview with Claire’s interview.

As a writing exercise I prepared a 750 word commentary about the play and lightly revised it with my teacher. Here’s the final text, as well as things I learned in the process.

Depuis l’Antiquité les philosophes se demandent si les être humains ne sont que sang et chair, peau et os. Au XVIIe siècle on a introduit le nom matérialisme pour la position affirmative, tandis que dualisme décrit le contraire: nous avons quelque chose (une âme, peut-être) qui nous rend plus qu’un amas de particules chimiques et leurs réactions. Cet élément spirituel est le siège de la volonté, le conducteur qui dirige nos actions. Sinon, comment comprendre le comportement humain? Pourquoi a-t-on porté cette chemise, choisi ce métier, pris des vacances à la plage et pas dans les montagnes, dîné dans ce restaurant et pas dans le suivant ? C’est angoissant d’imaginer que la réponse de toutes ces questions soit «c’est le résultat des interactions déterminées parmi les molécules de nos cerveaux». Nous avons grand soif d’explications.

Dans sa pièce du théâtre L’Amante anglaise, Marguerite Duras nous invite à contempler les motivations de plusieurs personnages, et en même temps à considérer: Sommes-nous libres de choisir notre chemin? D’où vient la volonté ?

Malgré qu’elle ne soit pas présentée jusqu’au deuxième acte, Claire Lannes est le centre d’attention dès la première page. Pourquoi a-t-elle tué sa cousine? Pourquoi ne veut-elle pas dévoiler le lieu où elle a caché la tête? Pourquoi s’obstine-t-elle à dire qu’elle ne connaît pas elle-même les bonnes réponses? Pourquoi imagine-t-elle que la bonne question serait la clé pour débloquer un discours révélateur? Le public est guidé vers elle comme cible de l’enquête.

Bien sûr, il y a un deuxième personnage dont les motivations méritent investigation : Pierre Lannes, le mari de Claire. Il a accepté sans difficulté l’affirmation de sa femme que Marie-Thérèse Bousquet était partie pour quelques jours pour rendre visite à sa famille. Il avoue qu’il se doutait de la vérité de cette déclaration, mais il ne l’a pas relevé. Est-ce qu’il soupçonnait son crime horrible et a préféré différer le moment d’ affronter cette horreur? Plus profondément, pourquoi s’est-il marié avec Claire? Pourquoi est-il resté avec elle pendant une vingtaine d’années? Est-qu’il ment quand il répond à l’interrogateur qu’il n’aurais jamais poursuivi une histoire d’amour avec une servante, soit la cousine de sa femme soit n’importe qui. On imagine que mieux comprendre Pierre Lannes, c’est mieux comprendre Claire Lannes, et aussi inversement.

Ensuite on passe au troisième personnage, l’Interrogateur. Au début, il est  facile de le reléguer à l’arrière-plan. Il nous donne un croquis de l’histoire, il nous indique que Pierre n’est pas un suspect, et il agit comme interlocuteur (il serait saugrenu de monter un spectacle qui ne comprend que deux monologues étendus). Mais petit à petit, l’interrogateur gagne sa propre histoire, ou plutôt son propre mystère. Qui est-il? Il n’est ni magistrat ni juge ni psychologue. Est-il journaliste? Historien? Un parent caché de la victime? Pourquoi est-ce qu’il approfondit cette affaire sensationnelle? Est-il capable de freiner ses enquêtes, et sinon d’où vient son empressement  à les comprendre? Au cours de la pièce, il émerge comme un homme frustré, fouillant obsessivement pour trouver les explications qui lui échappent, comme elles nous échappent tous.

Enfin, tous les trois personnages, Pierre, Claire, et l’Interrogateur, suscitent en nous un désir fort de comprendre leurs motivations. Mais il y a un quatrième personnage, ou plutôt une personne, dont les motivations m’intéressent: c’est Marguerite Duras. La version du texte que j’ai lu correspond au mise en scène au Théâtre d’Orsay en 1976. Mais le spectacle original a été créé au Théâtre national populaire en 1968, tiré de son roman de 1967. En outre, elle a écrit et monté une autre pièce au même sujet, Les Viaducs de la Seine-et-Oise, sept ans plus tôt en 1960. Évidemment, ce meurtre commis par Amélie Rabilloux en décembre 1949 préoccupait Marguerite Duras pendant longtemps. Quel élément, quelle combinaison de gens et de circonstances de cette histoire l’envoûtait?

Je retourne finalement aux questions philosophiques. Si on souhaite jamais développer des théories ou des instruments pour comprendre les comportements complexes, subtiles, et entremêlés des gens dans la vie ordinaire, il faut d’abord que ces outils fonctionnent dans les situations les plus pures, simples et extraordinaires. Nous abordons les événements quotidiens en examinant les affaires hors du commun. Si Marguerite Duras retournait fréquemment à ce découpage en morceau d’un corps humain, c’est parce qu’elle veut disséquer notre nature humaine pour repérer où demeure la volonté.

Language aside, it’s not a great essay. It’s got two or three ideas in it, and I like the closing sentence, but the middle is far too rambling with endlessly posed but unanswered questions. Fortunately, I wrote it more as a vehicle for improving my French than to be a solid work of literary criticism. So let’s see what I gained on that front.

Things I Learned

My original draft had a number of boring errors in preposition choice, adjective agreement, or omission of reflexive pronoun. I continue to work on my automaticity in these areas and am getting better little by little. There were several more substantive corrections I learned:

  • Keeping a consistent register. This essay starts out in a high register, using highfalutin phrases to talk about philosophy and literary construction. That’s a valid stylistic choice, but only if it is maintained throughout. So my teacher identified several familiar expressions that broke this pattern and revised them into a more formal register.
    • «La volonté, ça vient d’où» became «D’où vient la volonté».
    • «un tas de» became «un amas de».
    • «Pourquoi elle ne veut pas» became «Pourquoi ne veut-elle pas».
    • «Bien sur qu’il y a» became «Bien sur, il y a».
    • «c’est facile de» became «il est facile de».
    • «machins» became «outils».
    • «bizarroïde» became «hors du commun».
  • Malgré que is the subject of a longstanding grammar controversy. There’s a lengthy entry about malgré que on CNRTL (see article II), which is considered an authoritative source by my French work colleagues. It begins : «Ac. 1835-1935, Littré et les grammairiens puristes n’acceptent malgré que que dans l’emploi II A, qui n’est pas un emploi conj. mais où malgré est un subst. compl. de j’en aie et que le pron. rel.…». Long story short, in oral language everybody uses «malgré que» = “despite the fact that” as they use «bien que» = “even though”. But the official grammar ruling is that in a formal register one must use only malgré + a noun, never malgré que + a clause. Bien que + a clause is still fine. However, this rule is far more honored in the breach than in the observance, even in soutenu register writing, and so we let it stand in my essay: Malgré qu’elle ne soit pas présentée. There is general consensus that if one uses this locution, the verb in the subsequent clause must be in the subjunctive mood.
  • Chimique is always an adjective, never a noun. There is no French noun corresponding to the English noun “chemical(s)”. The French speak of «produits chimiques», «particules chimiques», etc. The word is an adjective and must always modify some noun.
  • affronter, confronter. These two words both map to “confront” or “face” in English, but in French the correct choice depends on the nature of the thing being faced. If it’s a localized person, opponent, or obstacle and you wish to describe its position, you use confronter. If it’s a non-localized challenge, a danger, or a fear and someone is tackling or addressing it, you use affronter. The word confronter really has a face-to-face, head-on, physical arrangement aspect to it. In the essay above, a slight change to the sentence would highlight the ability of this distinction to resolve ambiguity: «Est-ce qu’il soupçonnait son crime horrible et a préféré différer le moment de l’affronter. Since the verb is «affronter» the elided pronoun l’ refers to the crime, and not to the criminal. If I meant the criminal I would need to write «le moment de le confronter», as you would look directly at the criminal while confronting them with an accusation.
  • un proposition has a meaning more specific than its English cognate “proposition”. The French «proposition» is a proposal, a demand, or an offer. In English, I use the word proposition also to mean a statement that can be true or false: “I was in Connecticut this weekend” or “The global climate is on track to rise by 2° by 2050.” Apparently this usage of «proposition» in French is restricted only to technical discussions of Boolean logic and not everyday statements. I replaced «proposition» in my original draft with «déclaration» when referring to a simple statement.
  • fouiller can mean “to dig through”, “to rummage”, or “to search” (it can also mean simply “to dig” in the ground). The direct object is the thing being searched: fouiller un tiroir, fouiller une valise. But if you want to name the target of the search, you can’t simply use pour and a noun: Je fouille l’armoire pour une chemise. You have to add a verb into the mix: Je fouille l’armoire pour trouver une chemise or Je fouille l’armoire pour repérer une chemise. The French sure do like their verbs…

Learning Log, 2021 Week 38

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Learning Log, 2021 Week 37

I’m logging what I do each week to improve my French. Maybe it will motivate me to do more. No need to post the details here, but I’ll see if posting a skeleton log of my actions helps motivate me to keep it up. I’ll update this post over the week rather than make new articles each time.

  • J’ai fait…
    • GPdF Niveau perfectionnement
      • Chapitre 29: Pronom sujet neutre ou impersonnel
      • Chapitre 30: Le commentaire. L’identification et la description.
  • J’ai lu …
  • J’ai écrit …
  • J’ai regardé …
  • J’ai écouté à …
    • L’Invité de 8h20: Le Grand Entretien (FranceInter)
      • Frédéric Dabi : «Cette jeunesse prend conscience qu’elle est absolument à part»
      • Anne Hidalgo : «C’est bien qu’en démocratie chacun veuille jouer sa partition»
  • Cours particulier (x2)
    • Conversation
    • Rédaction du Homard et le Crabe.
    • Rédaction du Joséphine Baker entre au Panthéon.