Les charentaises are a particular style of slippers made in La Charente, a department of France some 80 miles north east of Bordeaux. I’ve driven past it, but never gone there. These slippers have been made in La Charente for over 350 years, first by hand and then by machine. They were originally intended for military and rural life, as a comfortable indoor shoe that you could keep on all day long while you donned and doffed your outdoor boots or wooden shoes. A number of charentaises-making factories opened there in the first years of the 20th century, and they started aggressively exporting the slippers globally in the 1950s. At its peak in the 1970s, this French industry was exporting over a million pairs of slippers each year. Together with a beret and a baguette, a pair of charentaises became part of the French caricature.
The global center of shoe manufacturing today is in Asia, as China, India, Vietnam, and Indonesia account for 75% of all output. While French production of slippers fell precipitously in the past 50 years, it’s having something of a resurgence, both in La Charente and in Brittany. The French government has been pursuing a “Made in France” industrial initiative for the past few years, and generally has a soft spot for saving culturally iconic production. My French teacher assigned me to watch a documentary about the re-opening of one of the original charentaise factories and write a response about the importance (or not) of preserving industries like this.
Here’s my rather rambling response, after applying corrections suggested by my teacher N.M. In other posts I include both my original draft and the final draft after editing in order to display my errors. But as this post is long enough already, I’m posting only the final draft.
Version rédigé avec N.M.
C’est quoi la forme de la vie? La pomme est ronde, un cristal de sel est cubique, la coquille d’un escargot est spirale. Quelle est la morphologie de la vie? Dans son livre La Maison de joie: Une histoire de la vie et de la mort, l’historienne Jill Lepore constate que de l’Antiquité à la Lumière les peuples de l’Ouest ont imaginé que la vie est comme un cercle. On est né, on reçoit la sagesse et les traditions du passé, on habite dans la maison de son père, on laboure les champs de son grand-père, et on mange les recettes de ses arrières grand-mères. Au cours des années, on grandit, on a des enfants, et on leur apprend à faire comme leurs parents. Finalement on vieillit, on sourit aux petits-enfants, on leur enseigne les comptines patrimoniales, et on meurt conforté par le fait que le cercle recommence.
Pourtant depuis la Lumière, cette notion d’une vie cyclique a été remplacée par la vie linéaire. On utilise la raison pour améliorer les techniques. On progresse. On grimpe vers le sommet, on se hisse à l’échelle. L’arrivée de l’industrialisation et des idées de Darwin au XIXe siècle a accéléré cette réorientation de la conception de la vie. On doit construire, accumuler, foncer plus loin ou plus vite. Regardez les milliardaires de nos jours, messieurs Bezos et Branson, qui se hâtent de se lancer dans l’espace. Ruons-nous vers l’avenir!
Mais faites attention! Parce qu’on ne peut pas être au four et au moulin. En se dépêchant sur la longueur du chemin de progrès, il faut qu’on lâche maintes coutumes du passé. On ne peut pas dire «Rien à jeter» en surchargeant les malles de notre culture actuelle. Nos boulevards sont ou pour les chevaux, ou pour les automobiles, mais pas les deux. Un stationnement au centre ville est ou une écurie ou un parking. Et un travailleur doit choisir un métier, soit fermier, soit ouvrier, soit enseignant, soit avocat. Quel choix fera-t-il?
Ça me rappelle des questions du peintre Paul Gauguin, dont une œuvre est sous-titrée «D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?». Parce que la question de «que garder, de quoi se débarrasser» est à son cœur une question d’identité. Pour les circulaires, répondre à ces trois questions est facile. Nous venons d’un chemin déjà arpenté par nos parents; nous sommes des gens qui entournent cette orbite familiale sans aucun souci; nous repasserons les mêmes chemins à nos tours. Mais chez les linéaires, chez les dévots du progrès, les questions d’identité sont plus difficiles. Il faut changer pour s’améliorer, et un changement de mode de vie exige un changement d’identité. Choisir d’abandonner nos pratiques habituelles, de bouleverser nos affaires, c’est choisir de nous laisser mourir un peu pour permettre de faire naître le prochain «nous». Sommes-nous prêts à mourir?
Enfin, au bout de cette route sinueuse, j’arrive au sujet des charentaises. Cette pantoufle particulière est née il y a trois cent cinquante ans. En 1907, Théophile Rondinaud (parmi les autres) à lancé une usine à Rivière en Charente. Dès les années 1950, son fils James Rondinaud exportait ce produit dans le monde entier. Pendant les années 1970, l’usine Rondinaud employait 1300 travailleurs. La Charente était renommée pour ces jolies pantoufles douces. Mais cinquante ans plus tard, c’est la faillite. Les fabricants asiatiques ont surpassé ceux de la Charente, les chiffres d’affaires ont chuté. Même avec une consolidation de quatre fabricants sous le nom «la Manufacture Charentaise» (LMC), et avec la protection inédite du titre d’Indication géographique «charentaise de Charente-Périgord», cette société a dû mettre la clé sous la porte en 2019.
Est-ce qu’il faut être en deuil pour cette industrie française? Il y a deux ans qu’Emmanuel Macron a annoncé son initiative de relocaliser certaines chaînes de valeur pour les produits critiques. La crise sanitaire du Covid-19 a démontré la sagesse de fabriquer les molécules pharmaceutiques intra-pays. Une usine pour faire les semi-conducteurs en France c’est stratégique pour ne pas être dépendant de la Chine pour nos ordinateurs et nos portables incontournables. Mais les pantoufles? Forcément un manque imprévu de chausseurs duveteux ne serait pas une crise nationale. Les orteils patriotiques de la France survivraient.
Ici ce n’est pas une question de nécessité mais d’identité. Si un membre de la famille Rondinaud, comme l’arrière petit-fils Olivier Rondinaud, veut continuer l’entreprise, qu’il y aille. Mais si la rentabilité est insuffisante, on doit poser la question: d’où viendra la subvention? À mon avis, ceux qui s’identifient aux charentaises doivent subventionner eux-mêmes leur fabrication en France. Si c’est Olivier Rondinaud seul, je souhaite qu’il ait une grande fortune personnelle. Si ce sont les travailleurs de l’usine, peut-être qu’ils voudront travailler à des salaires réduits. Enfin, si les habitants du département ou du pays s’identifient profondément avec les charentaises, une subvention nationale serait dans ce cas-là la plus correcte. Pas de problème pour moi.
Mais il se trouvera, peut-être, que les consommateurs de la France préfèrent acheter les pantoufles bon marché, que les contribuables préfèrent renouveler les autoroutes, et que Mais peut-être qu’il se trouve que les consommateurs français préfèreraient acheter des pantoufles bon marché, que les contribuables préféreraient renouveler les autoroutes, et que les électeurs préféreraient revaloriser les salaires des soignants. Évidemment, il y a des limites budgétaires. Donc, qui sont les Français? Un peuple qui donne priorité à ses pieds? Ou un peuple en marche vers l’avenir sur des chemins modernes, avec des soignants correctement payés, mais avec les pieds à la chinoise?
One Reply to “Touchez pas à la charentaise!”
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